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 d’ADHEOS

Le verdict est tombé vendredi en fin d’après-midi : 15 ans pour Mohamed Traoré et 12 ans pour Salif Doukouré.
 
"Une femme plaquée au sol par deux individus en rut. Et l’idée dans cette horreur de lui faire abjurer son homosexualité… On est chez les Inquisiteurs, on est dans le meurtre de Federico Garcia Lorca, de Pier Paolo Pasolini." Avocat de cette jeune femme, violée en mars 2010 à Béziers par deux hommes ivres, Me Philippe Terrier s’est battu, devant la cour d’assises de l’Hérault, pour que le caractère homophobe du crime soit reconnu. "Il faut que cette barbarie soit nommée" insiste-t-il, avant de céder la parole à l’avocat général Jérôme Laurent qui, lui aussi, veut que cette circonstance aggravante soit retenue contre les deux accusés.
 
"À mon sens, ils éprouvent un mépris profond pour elle, motivé par sa consommation d’alcool et son homosexualité. C’est la raison pour laquelle ils ont abusé d’elle de façon odieuse", insiste Jérôme Laurent, qui requiert 15 ans contre Mohamed Traoré, qui a nié l’évidence jusqu’au bout, et 12 ans contre Salif Doukouré qui, ayant avoué et souffrant d’indéniables troubles psychiatriques, voit sa responsabilité atténuée.
 
"Vous jugez quelqu’un qui est malade"
Me Emmanuel Le Coz
 
Ces troubles, ce "champ de la psychose" noté par l’expert missionné par la cour, Me Emmanuel Le Coz les souligne, pour défendre ce Franco-sénagalais de 40 ans, prisonnier de son errance, de sa solitude et de la violence de ses codétenus. "Vous jugez quelqu’un qui est malade au plan de sa santé mentale. Son incarcération ne sert à rien si elle n’est pas accompagnée d’un suivi. Ce n’est pas une peine que vous allez lui infliger. C’est une prescription médicale."
 
Avec un client, Mohamed Traoré, qui nie alors que tout l’accable, Me Xavier Lafon fait front, tente d’instiller le doute et livre sa vérité. "L’homosexualité n’est pas le mobile du crime. N’importe quelle femme ce soir-là aurait subi le même sort. La cause, c’est l’alcool, pas l’orientation sexuelle de la victime. Trois bouteilles de whisky en quelques heures… Ce sont des gens qui ont perdu la tête à cause d’une consommation excessive d’alcool."
 
"M’excuser du désagrément que j’ai causé à la victime"
Mohamed Traoré
 
La cour va se retirer pour délibérer. Salif Doukouré, dont le bégaiement s’est apaisé, prend la parole : "Je voulais en profiter, parce que je ne l’ai pas fait comme elle n’est pas là, pour m’excuser du désagrément que j’ai causé à la victime." Mohamed Traoré ne dit rien.
 
Trois heures plus tard, le verdict tombe, conforme au réquisitoire. Les jurés ont tranché, Julie a bien été victime d’un viol collectif homophobe.