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 d’ADHEOS

La représentante républicaine du Minnesota, Michele Bachmann, a fait de la lutte contre l’homosexualité son cheval de bataille, au grand dam de sa demi-sœur lesbienne. Excédée et attristée, celle-ci a décidé de témoigner en faveur de la tolérance.
 
Nombre d’Américains sont choqués par les prises de position extrêmes de la députée républicaine du Minnesota, Michele Bachmann, mais aucun ne l’est comme Helen LaFave.
 
Les deux femmes ont jadis été très proches. Des sœurs, presque. Il y a une quarantaine d’années, en effet, la mère de Michele a épousé le père d’Helen. "Je me souviens d’avoir beaucoup ri avec elle", raconte Helen chez elle, à Minneapolis. Elle se rappelle aussi son charisme, son assurance : "J’admirais Michele."
 
Les années passant, les deux femmes se sont beaucoup moins vues, mais chaque fois que leurs routes se croisaient dans les réunions de famille, les retrouvailles étaient chaleureuses. Helen était présente au mariage de Michele avec Marcus Bachmann, qu’elle a appris à connaître. Et Michele, elle, connaît bien Nia, la compagne d’Helen depuis près de vingt-cinq ans.
 
Helen n’a jamais discuté de son orientation sexuelle avec Michele, et elle savait cette chrétienne évangélique animée d’une foi profonde. Pourtant, elle n’en est pas revenue quand, il y a une dizaine d’années, Michele s’est mise à se servir de son mandat d’élue au Sénat du Minnesota pour qualifier les homosexuels de malades et de pervers et militer pour un amendement à la Constitution de l’Etat qui interdirait le mariage entre personnes de même sexe – celui-là même, ou presque, sur lequel les électeurs du Minnesota sont appelés à s’exprimer lors d’un référendum d’initiative populaire couplé avec la présidentielle du 6 novembre prochain.
"Cela me semblait tellement déconnecté du fait qu’elle m’a connue, moi, qu’elle a fréquenté une personne homosexuelle, s’étonne encore Helen. J’étais abasourdie."
 
Blessure et déception
 
Et si Helen n’a jamais douté de la fidélité de Michele à ses convictions intimes, elle n’a jamais compris pourquoi elle a senti le besoin de les rendre si publiques, d’en faire un cheval de bataille de sa carrière politique, creusant au passage un fossé dans leur famille.
C’est ce qu’Helen a écrit à Michele dans une lettre datée du 23 novembre 2003. Elle en a envoyé des copies à ses quatre frères et sœurs, à son père et aux frères de Michele, et en a conservé un exemplaire. Elle s’y dit "blessée et déçue de voir [sa] demi-sœur à la tête de cette offensive".
 
"C’est moi que tu vises", a-t-elle écrit, ajoutant, en parlant de Nia : "C’est ma famille que tu vises." Michele, assure Helen, n’a jamais accusé réception de la missive.
 
Helen n’a pour l’heure accepté que de rares entretiens avec des journalistes, et jamais au long cours. Cette année, pendant les primaires républicaines, elle a fait activer l’option "affichage du numéro" sur son téléphone, pour pouvoir filtrer toutes les requêtes de journalistes en mal de petites vacheries sur Michele Bachmann [qui s’était portée candidate à l’investiture républicaine avant de se retirer prématurément de la course au mois de janvier, et qui est également candidate à sa réélection pour le siège de représentante du Minnesota au Congrès de Washington]. C’est un jeu dans lequel elle ne voulait pas rentrer, pas plus qu’elle ne voulait semer la zizanie dans sa famille, divisée sur la question du mariage homosexuel.
 
Mais l’imminence du référendum d’initiative populaire, dans lequel Helen voit le "triste, très triste héritage" laissé par Michele, l’a convaincue, explique-t-elle, de "prendre la parole pour exiger un traitement juste pour tous ceux qui, parmi nous, se font juger et s’entendent dire que leur vie et que leur couple valent moins que les autres."
 
Elle n’a jamais caché sa relation
 
Helen mène une vie plus tranquille que Michele. A 52 ans, elle est directrice de la communication pour une commune de la banlieue de Minneapolis.
 
Elle et sa compagne n’ont jamais caché leur relation à leur famille, insiste Nia, mais elles n’ont pas non plus imposé d’interminables conversations sur l’homosexualité. Pour elles, l’idée était simple : "En faire une réalité visible, leur montrer qui nous sommes et les aimer quoi qu’ils en pensent." Elles comptaient "les convaincre à grands coups de gentillesse".
 
Et elles ont bien cru y arriver.