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 d’ADHEOS

Le réseau russe LGBT vient de rendre publique une série de témoignages accablants sur la chasse aux homosexuels sous le régime de Ramzan Kadyrov.
 
Selon le rapport publié par le journal Novaïa Gazeta, les homosexuels arrêtés en Tchétchénie sont détenus dans des lieux tenus secrets, dans des conditions inhumaines et systématiquement soumis à des traitements dégradants. L’un d’entre eux, P. M., témoigne ainsi de son séjour en prison : « Tous les jours, des homosexuels étaient internés. Notre cellule était très petite et on devait s’y entasser à 15 ou 16. On ne pouvait ni manger, ni marcher, ni dormir. Il m’est arrivé d’être battu par 7 ou 8 gardiens. À coups de botte, car ils disaient qu’ils étaient dégoûtés de nous toucher avec les mains. Ensuite, ils ont commencé à me battre avec des tuyaux en plastique. »
 
Les prisonniers mentionnent également des cas de torture, notamment à l’aide de barbelés ou à l’électricité, comme l’explique L. M. : « Ils m’ont attaché les chevilles avec des pinces métalliques et placé des fils sous les ongles. J’ai ainsi été électrocuté plusieurs fois, également après qu’ils m’eurent aspergé d’eau pour que cela soit plus douloureux. Ensuite, ils nous ont allongés sur le dos et tous ceux qui étaient dans la pièce devaient nous frapper avec un tuyau. » « Tous les détenus LGBT ont été torturés de la même manière, précise K. L. Certains, à cause des coups de matraque sur les jambes, avaient des plaies ouvertes. Et comme nous n’avions rien pour désinfecter, elles finissaient par s’infecter. » M. N. ajoute : « Si j’étais resté là-bas, je me serais pendu. »
 
Faux sites de rencontres
 
Toutes les personnes arrêtées parce que soupçonnées d’avoir une « sexualité déviante » restent détenues au moins un mois. Et les tortures psychologiques sont également au programme, comme le raconte E. F. : « Il était presque impossible de dormir, car les gardiens pouvaient venir à tout moment. De toute façon, pour nous, c’était toujours la nuit, car les cellules n’avaient pas de fenêtres. Il leur arrivait de nous mettre un sac sur la tête, et quand ils voyaient que l’air s’épuisait, ils le retiraient rapidement. »
 
Pour confondre les personnes soupçonnées d’homosexualité, la police recourt à de faux sites de rencontres. Les victimes se voient proposer un rendez-vous et c’est là qu’elles se font interpeller. Les policiers utilisent ensuite les contacts trouvés sur leur portable pour en piéger d’autres, et ainsi de suite. Selon E. F., la police cherche également à recruter des indicateurs : « Un flic m’a dit : On te laisse sortir sur-le-champ, mais seulement si tu travailles pour nous. Tu vas traquer des pédés pour notre compte, tu es des nôtres, maintenant ! » Certains acceptent, comme le reconnaît A. B. : « J’ai craqué après avoir été obligé de regarder une vidéo dans laquelle on voyait les tortures qu’on voulait me faire subir si je ne collaborais pas : un tube entouré de fil barbelé introduit dans l’anus d’une victime. »
 
Des militaires en uniforme
 
Tous les témoignages concordent : ce sont les autorités tchétchènes qui orchestrent ces persécutions. E. F. se souvient : « Le chef s’appelait le Petit, il était en civil. Mais ceux qui m’ont livré à la police étaient des militaires en uniformes. » D’autres se remémorent avoir croisé dans leur lieu de détention le président du Parlement tchétchène, Magomed Daoudov, surnommé le « Seigneur » de sinistre réputation. « Quand on l’a vu arriver, on a tous perdu l’espoir de sortir vivants », explique O. P. C’est lui qui tentait de persuader les parents de « laver la honte de la famille par le sang ». Le journal Novaïa Gazeta, qui a enquêté sur la situation des homosexuels en Tchétchénie, a publié le mois dernier une liste de 27 personnes exécutées sans procès. Les autorités tchétchènes n’ont pas démenti.