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 d’ADHEOS

Le Cercle sort ce mercredi en salles. Oscillant entre fiction et documentaire, le film retrace l’histoire d’amour de Ernst et Röbi, deux Zurichois au destin lié à celui du Cercle, cet ancien club clandestin suisse, qui participa à l’émancipation des homosexuels dès les années 1940. L’organisation a été, un temps, l’éditrice de la seule revue homosexuelle autorisée au monde. Ce long métrage retrace l’apogée et la chute du Cercle, à travers les témoignages de Ernst et Röbi et les reconstitutions de la communauté gay zurichoise des années 1950 et 60.
 
Le réalisateur, Stefan Haupt, nous parle de son film et de ce qui l’a poussé à raconter cette histoire.
 
stefan_hauptTÊTU : Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à réaliser ce film ?
Stefan Haupt : D’habitude je me sers de mes propres idées, mais dans ce cas précis j’ai été contacté par deux producteurs de Zurich qui m’ont proposé ce projet. J’ai trouvé cette histoire très intéressante, parce que, il faut le dire, je ne savais presque rien de tout ça. J’ai vécu toute ma vie à Zurich, en croyant connaître tout de cette ville.
 
Jamais auparavant vous n’aviez entendu parler du Cercle ?
Du Cercle non, mais je connaissais quand même pas mal de choses sur la communauté gay zurichoise, parce que l’un de mes frères est gay et qu’il connait Röbi depuis longtemps.
 
Avez-vous fait ce film par engagement ?
Je crois que je n’aurais jamais eu la force de faire ce film sans engagement. C’est important d’être intéressé par le sujet, mais en même temps il doit y avoir quelque chose en moi qui répond au sujet. C’était important, à la fois pour les producteurs et pour moi, de faire un film pas uniquement pour la communauté gay, mais pour tout le monde. On voulait avant tout raconter une histoire d’amour sans préjugés. Je pense qu’il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises histoires d’amour. Aimer comme on veut, c’est un droit. Et j’étais assez engagé dans ce sens.
 
Qu’est-ce qui vous a poussé à axer le film à la fois sur de la fiction et à la fois sur du documentaire ?
À dire vrai, c’était une question d’argent. Quand les producteurs sont venus me trouver, ils voulaient que je fasse une fiction dans les années 1950 et 60, basée sur une histoire vraie. Nous devions faire une coproduction avec l’Allemagne mais malheureusement nous n’avons pas trouvé de financement allemands.
 
Il a donc fallu décider de comment nous pouvions continuer. C’est à ce moment-là que des amis nous ont dit : « Mais il y a ce couple qui nous a aidé à préparer le film, pourquoi ne pas faire un docu fiction avec eux ? »
 
C’est à ce moment-là que vous avez décidé d’axer le film sur Röbi et Ernst ?
Nous l’avions prévu dès le début. La fiction était censée être centrée sur l’histoire de Ernst l’instituteur, qui était vraiment le héros principal. Nous avons simplement mélangé les interviews des vrais Röbi et Ernst avec les images de fiction.
 
Avez-vous collaboré avec d’autres anciens membres du Cercle pour faire ce film ?
Ça a été difficile parce que Ernst et Röbi étaient les plus jeunes membres du club à l’époque. Ça a été difficile de trouver d’autres témoins car maintenant la plupart des membres sont décédés.
 
Qu’avez vous ressenti lorsque vous avez reçu le Teddy Award du meilleur documentaire à Berlin ?
C’était incroyable. Mais nous étions même encore plus heureux d’avoir remporté le prix du public, parce que ça voulait dire que le film plaisait non seulement à la communauté gay mais aussi au grand public. Les réactions du public ont été très touchantes, toujours positives. Des gens sont même venus me voir après les projections pour me raconter leur propre histoire. Il y a des gens qui m’ont dit qu’ils avaient pleuré pendant presque tout le film.
 
On découvre grâce à ce film que la Suisse est un pays pionnier sur la question du droit des homosexuels. Comment expliquez-vous que le rôle de votre pays dans l’émancipation des LGBT soit si peu connu du grand public ?
Je sais qu’on parlait beaucoup de la Suisse comme un pays d’avant-garde sur ces questions dans les années 1950 et 60. Après, les pays scandinaves ont pris des positions plus avancées. Mais je sais que la Suisse est toujours un endroit apprécié par la communauté homosexuelle. En Californie, j’ai rencontré beaucoup de gays qui m’ont dit qu’ils admiraient beaucoup Zurich. Je suis toujours surpris par mon pays. Il peut être à la fois très conservateur avec ses vieilles valeurs protestantes, et en même temps très moderne et libéral sur certaines questions sociales. Par exemple, les femmes n’ont pas eu le droit de vote avant 1971, ce qui est incroyable, et pourtant nous sommes l’un des premiers pays avoir autorisé l’accès à l’université à ces mêmes femmes.