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 d’ADHEOS

La Gay Pride de Belgrade, qui doit se dérouler ce dimanche, pourra-t-elle se dérouler sans incident ? Depuis les troubles liés à la manifestation en 2010, les autorités serbes ont capitulé face aux hooligans qui menacent de s’en prendre aux participants et ont annulé, parfois à la dernière minute, toutes les éditions suivantes. Entretien et état des lieux avec Goran Miletić, membre du comité d’organisation de la Gay Pride 2014.
Goran Miletic (GM) : Il est important d’accroître la visibilité de la communauté LGBT en Serbie, alors que l’homosexualité a été illégale jusqu’en 1994 dans notre pays. Aujourd’hui, nous ne tenons pas à célébrer pas les vingt ans de l’abrogation de cet article qui faisait de l’homosexualité un crime, mais nous souhaitons montrer que les homosexuels font partie de la vie publique serbe et doivent souvent faire face à des violences et des actes de discrimination. L’intérêt de la manifestation est de montrer que nous sommes là et que nous vivons dans notre pays, la Serbie. Nous voulons être égaux, posséder les mêmes droits que l’ensemble des citoyens serbes et que nous ne sommes pas des créatures avec des cornes. Nous sommes des citoyens et voulons être traités de manière égale. Malheureusement, 70% des citoyens serbes pensent toujours que l’homosexualité est une maladie.
 
CdB : Justement, en raison de ces préjugés face à l’homosexualité, avez-vous eu du mal à organiser l’événement ? Avez-vous reçu certaines menaces ou pressions ? L’édition de 2010 a été marquée par des affrontements en marge de la Gay Pride.
 
GM : L’événement a été difficile à organiser. Il est malheureusement devenu normal de recevoir de nombreuses menaces, notamment sur les réseaux sociaux. Cette semaine, de nombreux graffitis s’opposant à la manifestation ont vu le jour dans les rues de Belgrade. Il est très difficile d’organiser cette Gay Pride, notamment à cause du gouvernement qui annonce qu’une nouvelle interdiction n’est pas impossible. Les autorités possèdent un double langage : ils semblent supporter l’événement, mais estiment que les troubles engendrés par les hooligans ont plus d’importance et ne veulent plus d’affrontements. Nous ne sommes qu’un petit groupe d’activistes, les institutions ne sont pas encore réformées et ne sont pas capables de contrer cet environnement très hostile. Cela reste très difficile.
 
CdB : Dans ce cas, avez-vous recherché le soutien d’ONG, de l’Union européenne ou de certains Etats dans votre combat pour les droits des homosexuels ?
 
GM : Nous avons reçu de nombreux soutiens venant de la communauté internationale, mais surtout déclaratifs. Le principal problème reste que l’Union européenne n’est pas d’accord sur ce sujet. Tous les ans, nous avons le soutien de certaines ambassades européennes, mais jamais des 28 Etats-membres.
 
CdB : Dans ce combat, quel est le statut des droits des homosexuels en Serbie ? Sentez-vous des évolutions ces dernières années ?
 
GM : Certaines évolutions sont visibles. Désormais, les medias serbes couvrent ce sujet d’une façon plus neutre, voire positive. Le débat sur les droits des homosexuels est ouvert dans la société, et personne ne peut stopper ce processus. Mais cela reste un long combat pour nous et les évolutions liées aux droits de l’Homme changent très lentement en Serbie.