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 d’ADHEOS

Hier plus de 350 personnes se sont réunies au bar Kriterion de Sarajevo en réaction à l’agression homophobe de vendredi soir. Une mobilisation sans précédent en Bosnie-Herzégovine. 
 
«Nous tenions à être ici aujourd’hui, déclarent Hannah et Nizama, mais nous ne pensions pas que tant de gens viendraient.» C’est en effet une grande première pour la communauté LGBT généralement si discrète en Bosnie-Herzégovine. En ce dimanche pluvieux, plus de 350 personnes se sont réunies au bar Kriterion en réponse à l’attaque homophobe qui a frappé l’établissement vendredi passé.
 
Ce n’était pas la première fois que l’établissement gay-friendly faisait l’objet d’une agression homophobe, nous explique Vanja Lazic, directrice du Kriterion. «C’est la deuxième fois que nous sommes ciblés. La première fois, nous avions été attaqués lors du festival Merlinka de 2014. Ce qui me désole, c’est qu’après tout ce temps, les auteurs de cette agression n’ont toujours pas été poursuivis. Et ça a recommencé. Mais cette fois, nous avons décidé de faire du bruit et nous avons demandé à tous nos amis et supporters de venir ici et dire unanimement que la violence ne peut plus être tolérée.»
 
Caractère homophobe minimisé
 
L’émotion est palpable dans le bar où amis, familles, militants et responsables politiques se retrouvent pour dire «Non à la violence». Mario Nenadic, ministre de la Justice du Canton de Sarajevo et Sabina Cudic, parlementaire, ont fait le déplacement pour l’occasion, afin que le caractère homophobe de l’agression – jusque là minimisé par la police et les médias – soit enfin reconnu.
 
«Aujourd’hui est un jour historique», déclare fièrement Sasha Gavric, directeur du Sarajevo Open Center, en réaction à l’intervention du ministre de la Justice. «Aujourd’hui, nous pouvons espérer que les choses changent et que les actes homophobes soient enfin reconnus et poursuivis en tant que crimes de haine.» En effet, bien qu’une protection juridique soit garantie pour les personnes LGBT depuis 2003, l’homophobie et la transphobie restent très communes en Bosnie, les autorités n’agissant que trop peu souvent contre les discriminations, le harcèlement et la violence. Les attaques contre les personnes LGBT et les défenseurs des droits de l’homme dans la vie de tous les jours ou au travers de commentaires haineux dans la presse écrite ou en ligne sont régulières. Elles ne font qu’alimenter l’atmosphère d’intolérance dans un pays où plus de 56% de la population pense encore que l’homosexualité doit être soignée.
 
Changement d’attitude
 
La mobilisation de ce dimanche est donc synonyme d’espoir pour la communauté LGBT en Bosnie-Herzégovine et le symbole d’un changement d’attitude d’une minorité soudée et lasse de vivre dans la peur et le secret.
 
«Nous avons toujours été ouvertement gay-friendly et nous le resterons. Les membres de la communauté LGBT savent qu’ils peuvent venir ici à tout moment avec leurs partenaires, qu’ils peuvent se tenir la main, s’embrasser sans craindre d’être attaqués et sans que les serveurs ne les regardent bizarrement. Je pense que ces petits pas font bouger les choses», conclut Vanja avant de s’interroger: «Si nous ne menons pas cette bataille, qui le fera?».