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 d’ADHEOS

Des lobbies américains anti-IVG ont présenté, à Biarritz, ce samedi, sous l’égide du diocèse local, leurs méthodes coups de poing pour influencer la société.
 
Présence de lobbies américains anti-IVG, financement privé anonyme: Biarritz a accueilli sous l’égide du diocèse local un "colloque international pour la vie" controversé, rassemblant des personnalités et activistes "pro-vie" de divers pays, et présenté comme un première du genre en France.
 
Comment "sensibiliser l’opinion publique" ? "interpeller les politiques " ? "promouvoir la vie face aux programmes de santé publique" ? Le colloque vendredi et samedi a porté sur un échange concret d’expériences de lobbying, de stratégies pour influencer société et politiciens autour de "l’inviolabilité de la vie humaine, de la conception à la mort naturelle".
 
Du financeur principal -à hauteur de 70.000 euros-, un mécène américain, l’évêque de Bayonne-Lescar-Oloron Mgr Marc Aillet initiateur du colloque, ne dira rien, sinon qu’il souhaite garder l’anonymat. Mais une patte nord-américaine était palpable, avec des intervenants racontant leurs campagnes aux Etats-Unis, au Canada.
 
Ainsi le lobby américain "Forty days for life" a présenté sa méthode coup de poing: "pratiquer 40 jours de prière 24/24 h à l’extérieur des centres de planning familial, des cliniques ou hôpitaux qui pratiquent l’avortement", pour dissuader les femmes de pratiquer un IVG.
 
Shawn Carney, son fondateur, a revendiqué "6.740 bébés sauvés de l’avortement à la dernière minute, la fermeture de 25 centres d’avortement, et 75 démissions de personnes dans ces centres".
 
L’évêque de Bilbao, Mgr Mario Iceta, considéré comme un chef de file des anti-IVG en Espagne a incité les milieux "pro-vie" "à être présents dans les structures internationales. Car beaucoup de lois s’inspirent des organismes internationaux".
 
Premier de ce type en France selon un porte-parole, le colloque a généré un vif débat au Pays basque. Notamment en raison du profil ou des positions passées de certains orateurs, comme le prêtre-psychanalyste Tony Anatrella, qui assimila l’homosexualité à une "immaturité foncière de la sexualité humaine".
 
Mgr Aillet avait d’avance balayé ces critiques, invoquant "la liberté d’expression et d’opinion, qui est le propre de la démocratie".
 
Il a aussi souligné l’aval de la Conférence des évêques de France, qui sur son site internet a salué un colloque "pour sensibiliser les consciences à la vie", le plaçant "dans la dynamique de la promotion de culture de vie" voulue par Jean Paul II.
 
Autour du centre de congrés Bellevue, complet avec 600 personnes par jour, plus de 800 manifestants ont protesté samedi contre le colloque, à l’appel d’un "Collectif pour les libertés de choix", regroupant des associations et partis de gauche du Pays basque, en défense de l’IVG, de la contraception, du mariage pour tous.
 
"Pour nous, (ce colloque) est une tentative de reconquête des ultras de l’Eglise pour un retour à l’ordre moral, de reprendre une place qu’ils ont perdue, sur la base de valeur obscurantistes", a déclaré Michelle Berthier, cadre du Planning familial et coordinatrice du collectif.
 
Pour la députée PS Sylviane Alaux présente, ce colloque "est de la provocation pure et simple".
 
"On ne se laissera pas voler nos droits à l’IVG, à la contraception, par une minorité contestée au sein même de l’Eglise" a lancé Mme Berthier, soulignant l’appartenance ou la proximité d’intervenants avec l’Opus Dei, l’influent mouvement conservateur de l’Eglise catholique.
 
"Baptisés 64", association locale de chrétiens pro-choix parmi les manifestants, dénonçait des promoteurs du colloque une "lecture partiale de la Bible, en fonction de leurs préjugés".
 
"Oui à la sodomie, non à l’Inquisition !", "Aillet, occupe-toi de ton cul…te", "Seigneur, Aillet pitié de lui !"… Banderoles et slogans ont surtout visé Mgr Aillet, le médiatique évêque de 55 ans, qui aime à citer Mère Teresa et communique par grands panneaux publicitaires dans l’agglomération bayonnaise.
 
Le public du colloque, largement acquis, confiait y avoir trouvé réconfort et revigoration.
 
"C’est un message très positif, pour que nous sensibilisions nos proches et la société sur l’importance de la dignité humaine et du respect", se réjouissait Hélène, une Bayonnaise de 25 ans, bien en-deçà de la moyenne d’âge du public.