NEWS
Les actualités
 d’ADHEOS

Depuis vendredi et la une du magazine "Closer" sur l’homosexualité supposée de Florian Philippot, les réactions outrées se multiplient. Comment expliquer ces attitudes ? Est-ce réellement scandaleux ? Philippe Pérot, homosexuel, n’est pas choqué par ce outing, il nous dit pourquoi.
 
Le magazine "Closer" vient d’outer Florian Philippot. Cet outing a provoqué une vague d’indignation dans les médias et le milieu politique, comme par exemple ici même, sur l’Obs, avec les interventions de Renaud Dély, de Bruno Roger-Petit ou Giuseppe Di Bella
 
 
Pour ma part, cet outing ne me choque pas et voici pourquoi. 
 
 
L’homosexualité n’est pas cantonnée à la sphère privée 
 
 
L’homosexualité des personnalités politiques, ou autres, n’a pas à être cantonnée à la sphère privée, alors même que lorsqu’il s’agit d’hétérosexualité, cette dernière est d’emblée du domaine public ; je partage en cela l’avis de l’Association des journalistes LGBT. 
 
Je pense que cantonner l’homosexualité à la sphère privée relève d’un vieux fond d’homophobie toujours latent dans notre société, qui veut qu’apparaître ou être révélé comme homosexuel comporte quelque chose de diffamant. Pourtant, la société a quand même beaucoup évolué ces dernières décennies et l’homosexualité n’apparaît plus, pour beaucoup, comme un trait diffamant. 
 
 
Je partage complètement le point de vue développé par Christophe Martet sur le site Yagg : 
 
 
"Mais l’homosexualité, pas plus que l’hétérosexualité, ne relève de la vie privée. C’est l’absence de visibilité à tous les niveaux de la société qui alimente l’homophobie, pas l’inverse." 
 
 
Un homosexuel au FN c’est choquant 
 
 
Le FN est un parti ouvertement homophobe – sa position contre la reconnaissance des droits civiques des homosexuels et des lesbiennes ne laisse planer aucun doute : 
 
 
"Défendre la structure familiale : institution irremplaçable, la famille représente le caractère central de la société, la famille doit se fonder exclusivement sur l’union d’un homme et d’une femme et accueillir des enfants nés d’un père et d’une mère. 
 
 
Nous nous opposerons donc à toute demande de création d’un mariage homosexuel et/ou d’une adoption par des couples homosexuels. Pour autant, la vie commune suscitant des intérêts matériels communs, le PACS apporte une solution suffisante et ne sera pas remis en cause." 
 
 
Qu’un homosexuel puisse en être un des membres éminents me choque profondément, car il apporte sa caution à une politique hostile à la reconnaissance des droits civiques de l’ensemble des homosexuels et des lesbiennes. 
 
 
Il me semble donc utile de savoir qu’un homosexuel apporte son soutien à un tel parti. Comme dans l’avis rendu par la justice à propos du outing de Steeve Briois, l’homosexualité de Florian Philippot me semble être un élément utile dans le débat public, d’autant plus qu’il milite dans un parti qui s’oppose ouvertement à la reconnaissance des droits civiques des homosexuels et des lesbiennes. 
 
 
Une différence entre affectif et vie sexuelle 
 
 
Faire de la politique implique en principe d’être honnête avec ses électeurs et avec les citoyens. 
 
 
L’orientation affective n’est pas réservée à la sphère privée, on le voit bien avec des personnalités hétéros qui s’affichent d’emblée en tant que tel-le-s. L’honnêteté implique donc d’être out quant à son orientation affective. Ce qui ne révèle rien de la vie sexuelle en elle-même, qui, elle, relève bien de la sphère privée. 
 
 
Le fait de faire savoir que Florian Philippot est homo ne dit rien sur ses préférences sexuelles au lit qui, elles, sont bien du domaine privé. Il faut donc distinguer orientation affective et vie sexuelle. L’une fait partie de la sphère sociale – les hétéros sont out dans tous les domaines de leur existence – et l’autre de la sphère privée. 
 
 
Un coming-out est un message encourageant  
 
 
L’attitude la plus intelligente, et qu’aurait dû adopter Florian Philippot dès le départ, était d’assumer d’emblée ouvertement son homosexualité, cela aurait coupé court aux rumeurs qui circulaient depuis un certain temps. 
 
Et s’il ne souhaitait pas que cela se sache, il ne fallait pas qu’il milite dans un parti comme le FN, hostile à la reconnaissance des droits civiques des homosexuels et des lesbiennes. 
 
 
C’est aussi une question de courage, les hommes politiques homosexuels ont un rôle à jouer pour favoriser la normalisation de l’homosexualité dans la société, et le coming-out en fait partie car c’est un message encourageant apporté aux homosexuels lambdas pour qui le coming-out n’est pas forcément évident. 
 
 
Personnellement, je suis out dans ma vie personnelle depuis de longues années et je ne n’en ai retiré que des bénéfices. Si je devais entrer en politique, j’assumerais d’emblée en public mon homosexualité.