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 d’ADHEOS

Des consignes anti-avortement ou permettant de « surmonter » l’homosexualité ont été distribuées dans un établissement d’enseignement catholique sous contrat avec l’État…
 
Dans le lycée privé Notre-Dame Sainte-Croix de Neuilly-sur-Seine, cela faisait cinq semaines que les élèves de Première suivaient les séances « L’amour, c’est la vie » – dans le cadre de leur « Formation Humaine et Spirituelle » – quand ils ont reçu entre leurs mains le manuel Pour réussir ta vie sentimentale et sexuelle, jeudi 23 février. Quatre-vingt pages distribuée en fin de cours par l’aumônière qui démolissent à la fois la lutte contre l’homophobie et le droit à l’IVG.
 
« L’homosexualité sera toujours problématique »
 
Expliquant d’abord que l’homosexualité est une « évolution psychique marquée par l’influence excessive ou insuffisante du père ou de la mère », voire même la conséquence des « perversions d’adultes » subie à l’enfance, le manuel condamne cette « tendance homo », « homo-sensible » ou « homophile » qui « arrive à l’adolescence » et qui ne rend « pas spécialement heureux » :
 
Aujourd’hui, certains prétendent que l’homosexualité est normale. Pourtant l’épanouissement sexuel n’est totalement possible que dans l’altérité homme/femme (…). Cette diversité est une richesse difficile à gommer ! Voilà pourquoi l’homosexualité sera toujours problématique pour l’épanouissement sexuel et conjugal, et pour l’épanouissement des enfants. »
 
Ajoutant pèle-mêle que « les personnes homosexuels méritent toute notre considération » car elle n’ont pas « choisi » cette « tendance », et que celle-ci « peut-être surmontée » mais qu’il ne faut pas « activer cette tendance en passant à l’acte » sexuel car « l’engrenage peut-être fatal », l’auteur fustige également l’avortement, acte « irréparable » et d’ »amputation de la vie », et glorifie l’abstinence.
 
Présenté par son éditeur comme un « livre illustré avec humour », la brochure est déjà diffusée depuis 11 ans en France et est recommandée par Vigigender, émanation de la Manif pour tous. Rééditée à six reprises (dont une première fois grâce aux financements de la Banque mondiale, indique La Croix), elle est en vente libre sur Amazon et dans les librairies où elle se présente à l’intention des jeunes dès 14 ans, des paroisses, des familles, des éducateurs, etc.
 
« Tout le monde était choqué »
 
Son auteur est le Père Jean-Benoît Casterman, un membre de la congrégation de Saint-Jean (dont certains membres s’étaient rendus coupables d’abus sexuels sur adultes et mineurs en 2006 et 2010) qui avait auparavant qualifié l’ »approche du genre » d’ »attaque démoniaque contre les ressorts profonds de la création divine. » Selon Buzzfeed, informé par un élève désirant garder l’anonymat, ce sont les lycéens de Sainte-Croix eux-mêmes qui ont tiré la sonnette d’alarme et alerté les professeurs comme les parents de ces « passages (…) hallucinants » sur l’homosexualité et l’avortement.
 
La brochure a depuis été retirée et l’établissement s’est aussitôt désolidarisé du père Jean-Benoît. « L’équipe pastorale du lycée et moi-même n’avions pas pris le temps nécessaire pour examiner attentivement ce document dont les contenus ne reflètent en rien la réflexion que nous voulons conduire avec nos élèves » explique Pierrick Madinier, chef de l’établissement, dans un communiqué de presse. Condamnant ces propos « offensants ou blessants », il a exprimé ses « plus vifs regrets » auprès des élèves. Les équipes du lycée auraient également présenté leurs excuses classe après classe rapporte Marianne.
 
Pas une première…
 
Ce n’est malheureusement pas la première fois que des livrets diffusant une idéologie réactionnaire sont distribués aux élèves des lycées français. En septembre, L’Express rappelle que un manuel édité par la Fondation Lejeune et condamnant l’avortement – notamment en cas de viol – avait circulé dans un lycée privé sous contrat.
 
Guillaume Laroze, ancien militant Front national ayant quitté le parti à cause des dérives homophobes dont il était victime, révèle sur Facebook qu’au lycée public Hoche à Versailles où il a étudié, une association « était venue (…) expliquer sur les heures de cours qu’il ne fallait pas se tourner vers le Planning Familial en cas d’interrogation sur l’avortement » mais vers des « associations catholiques douteuses »…