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 d’ADHEOS

La rédaction d’InfoMigrants a reçu le témoignage de Michael, un jeune nigérian homosexuel. Après avoir échappé à la mort dans son pays natal, il s’enfuit en 2016 pour l’Europe. Mais sa demande d’asile est rejetée par la France. Le jeune homme a épuisé tous les recours et est désormais sous le coup d’une expulsion. Michael dit craindre pour sa vie s’il est renvoyé au Nigéria.
 
"Je m’appelle Michael, j’ai 24 ans et je suis originaire du Nigeria.
 
Au début de mon adolescence, j’ai rencontré un garçon avec qui j’ai eu une histoire d’amour pendant quelques années. Un jour, alors que nous nous embrassions dans la rue, on s’est fait surprendre et dénoncer publiquement. On a été lynchés par des membres de notre communauté, et j’ai vu mon compagnon mourir sous les coups.
 
Suite à cette affaire, malgré mes blessures, j’ai réussi à m’enfuir et je me suis réfugié à Lagos. Mes parents m’ont renié et les membres de ma communauté continuaient de me chercher pour m’exécuter. Ils ont même brûlé la maison de mes parents. Je suis devenu la honte de ma famille.
 
Installé à Lagos, j’ai fréquenté un autre garçon pendant quelques temps, Andrew. On vivait ensemble avec son frère. Un soir, nous sommes sortis en boite de nuit. Nous avions beaucoup bu et dans l’euphorie de la soirée, on a été moins vigilants : on s’est embrassés en rentrant à la maison et quelqu’un nous a vus. Le cauchemar a recommencé : on a été battus en pleine rue. Il y avait au départ une poignée de gens et quelques minutes après des dizaines de personnes nous encerclaient et nous frappaient avec des bâtons.
 
"En arrivant en Europe, j’ai pensé : ‘Tous mes problèmes sont derrière moi’"
 
Je me suis vu mourir. J’ai une nouvelle fois réussi à prendre la fuite, j’avais des blessures et du sang partout sur mon corps. Je ne sais pas ce que sont devenus Andrew et son frère.
 
J’avais tellement peur que je n’osais pas retourner chez moi, je savais que j’étais poursuivi. Je me suis caché pendant deux jours dans un commerce en construction, sans sortir ni même manger.
 
Je n’avais pas d’autres choix que de quitter le Nigeria. En 2016, je suis donc allé au Niger où je suis resté plusieurs semaines. J’ai ensuite rejoint la Libye. Je pensais me réinstaller dans ce pays mais j’ai rencontré un Nigérian qui m’a conseillé de partir vers l’Europe. Il m’a aussi dit que ma vie serait compliquée en Libye car l’homosexualité y est illégale.
 
Après avoir passé un mois là-bas, je suis monté à bord d’un bateau en direction de l’Europe. Arrivé en Italie en septembre 2016, j’étais soulagé. Je me suis dit : ‘tous mes problèmes sont derrière moi. Je vais enfin pouvoir vivre en paix’. Mais les galères ont recommencé.
 
Je ne suis pas resté longtemps en Italie, tout le monde me disait que je vivrais mieux en France et que c’était un endroit où les gens étaient vraiment libres. Alors je me suis dirigé vers ce pays et j’ai atterri à Metz [nord-est de la France, ndlr] par hasard – un chauffeur-routier m’avait déposé dans cette ville.
 
"Au Nigéria, je risque d’être lapidé en place publique"
 
Quelques jours après mon arrivée, en octobre, j’ai déposé ma demande d’asile à l’OFPRA mais lorsque la décision est tombée quelques semaines plus tard, j’étais désespéré. Ma demande a été rejetée, l’OFPRA n’a pas cru mon histoire et ne pense pas que je suis homosexuel.
 
Mon avocat a fait un recours à la CNDA début 2018 mais mon dossier a une nouvelle fois été débouté.
 
Avant mon derniers recours au tribunal administratif, j’ai réussi, grâce à un ami du Nigeria, à récupérer des coupures de journaux nigérians racontant mon histoire. Mais le tribunal a tout de même rejeté ma demande, estimant que ma vie n’était pas en danger dans mon pays natal.
 
Une Obligation de quitter le territoire m’a été notifiée en mars dernier mais je l’ai reçue mi-octobre. Depuis, je suis assigné à résidence et je dois pointer une fois par semaine au commissariat. Je peux être renvoyé au Nigeria à n’importe quel moment. Là-bas je risque 14 ans de prison, voire la peine de mort, selon la législation des différents États.
 
De plus, je suis encore recherché par ma communauté qui veut ma mort. Je risque d’être lapidé en place publique et je n’ai aucun endroit où me réfugier.
 
Je suis si déprimé. Chaque soir, j’ai du mal à m’endormir et je fais régulièrement des cauchemars. L’association qui me vient en aide fait tout pour m’aider. Ils ont pris rendez-vous avec le préfet pour voir comment ma situation peut se régler. Mais j’ai tellement peur pour ma vie."