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 d’ADHEOS

La diffusion de vidéos montrant un homme violemment agressé à Fès, dans le centre du Maroc, par une foule en raison de son homosexualité présumée a suscité l’émoi de médias mardi dans le royaume, marqué par de récentes controverses sur les moeurs.
 
Diffusée par le site Goud, la principale vidéo, d’une durée de près de trois minutes, montre un homme présenté comme homosexuel tenter en vain de se réfugier dans un taxi, alors qu’il est poursuivi par plusieurs jeunes en colère.
 
"La façon dont il est habillé" – il porte ce qui ressemble à une robe blanche – "et sa façon de marcher ont déplu à de jeunes passants", explique ce média électronique.
 
L’homme est alors roué de coups par une petite foule qui grossit et l’encercle. L’homme finit par s’écrouler au sol. Après une quarantaine de secondes, il se relève, vêtement déchiré, s’enfuit et cherche à trouver refuge dans un commerce. Un policier apparaît alors et se voit "contraint de brandir son arme pour repousser la foule", rapporte Goud.
 
La vidéo a rapidement été relayée sur internet, de nombreux médias en ligne exprimant leur choc face à ce que le site Le360 qualifie de "scène de barbarie digne d’une bourgade syrienne sous le contrôle" du groupe jihadiste Etat islamique.
 
Goud indique en outre que la personne agressée pourrait faire l’objet de poursuites, dans un pays où l’homosexualité est passible de prison.
 
Contacté, un responsable local de l’Association marocaine des droits humains (AMDH), Mustapha Jebbour, a affirmé qu’une audience était même prévue ce mardi devant un tribunal de la ville.
 
Le ministère de la Justice a annoncé dans l’après-midi l’ouverture d’une enquête, et promis que des poursuites seraient engagées contre les auteurs de l’agression. "Le dossier sera traité avec fermeté envers ceux qui essaient de se substituer à la loi", est-il relevé dans un communiqué.
 
Le Maroc a enregistré ces dernières semaines une série de controverses liées au moeurs. Deux hommes accusés de s’être embrassés en public à Rabat, au lendemain d’une action de militantes Femen, ont été condamnés le 19 juin à quatre mois de prison ferme.
 
Dans le même temps, un hebdomadaire avait dû modifier sa une après avoir titré "Faut-il brûler les homos ?". La société civile se mobilise en outre actuellement en faveur de deux jeunes femmes prises à partie mi-juin près d’Agadir alors qu’elles se promenaient en robe. Accusées d’"atteinte à la pudeur", elles doivent être jugées le 6 juillet.