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 d’ADHEOS

Jeudi soir, le maire d’Arcangues a réuni ses adjoints et décidé de ne pas marier le couple d’hommes qui en fait la demande dans sa commune. Jean-Michel Colo se sent légitime. Et épaulé
 
Jeudi soir, le maire d’Arcangues, Jean-Michel Colo (divers droite), a décidé de ne pas plier. Soutenu par ses adjoints, il se refuse toujours à marier Jean-Michel Martin et Guy Martineau-Espel, deux hommes de sa commune.
 
Le dossier de demande de mariage a été déposé lundi par le couple. Le maire dispose encore d’une semaine pour y répondre favorablement ou déléguer son statut d’officier d’Etat civil aux deux conseillères municipales volontaires.
 
Mais Jean-Michel Colo n’est pas du tout disposé à choisir l’une ou l’autre de ces options.
 
"Sud Ouest." Vous et vos adjoints, avez-vous tranché la question du mariage pour tous, jeudi soir ?
 
Jean-Michel Colo. Tout à fait […]. Mais il ne s’agit pas d’un mariage pour tous. C’est un mariage pour quelques-uns. Et une mascarade. Le mariage sert à faire des enfants. On a besoins de couples hétéros pour remplir nos crèches. Et au lieu de s’emmerder avec un problème de société comme celui-là, nous avons des défis bien plus importants à relever. Ce « mariage pour tous », c’est une union. Je l’ai d’ailleurs dit à mes deux homosexuels (sic), dans ma commune. Il n’y a qu’à faire un Pacs amélioré, qui ouvre aux mêmes droits que les autres. Avoir un bébé dans un couple de même sexe, quand on y pense, c’est un caprice.
 
Pourquoi ?
 
Plein de pédopsychiatres le disent : c’est effroyable pour les enfants. Mais bien sûr, ce ne sont pas les pédopsychiatres qui passent à la télé.
 
 
Votre décision est-elle définitive ?
 
Aujourd’hui, c’est comme ça. On avance pas à pas […]. Car, chaque jour, nous sommes étonnés par l’absurdité du gouvernement.
 
Vous auriez tout de même déclaré être prêt à aller jusqu’à la Cour européenne des Droits de l’Homme…
 
Nous n’en sommes pas là. On verra. Mais j’ai confirmé ma position au sous-préfet, par écrit. J’ai également prévu de demander une entrevue à Monsieur Valls, avec mes adjoints. Il existe un vide juridique (sic). Que les homosexuels s’unissent ne me dérange pas. C’est le mot mariage, qui me gène. J’invoque donc ma clause de conscience. Et je n’agresse personne.
 
On est obligé de respecter un maire qui a trente ans de mandat et l’estime de toute la région.
 
Avez-vous reçu des pressions pour trouver un arrangement au sein de votre Conseil municipal?
 
Non, aucune. Je compte beaucoup d’amis homosexuels qui me soutiennent […]. Et le sous-préfet a toujours été très courtois avec moi. J’explique ma position et je constate que, dans la communauté homosexuelle, énormément de gens sont contre cette loi. Ce n’est pas des cracks, j’ai les e-mails qui le prouvent.
 
Avez-vous trouvé un avocat ?
 
J’ai tout ce qu’il faut, ne vous inquiétez pas. Et en plus de ça, j’ai reçu beaucoup de soutien. Je reçois 100 mails par heure, au point d’avoir perdu des e-mails professionnels. Mais maintenant, ça s’est calmé. On passe à autre chose, même s’il y a un côté sympa… Quand je vois la foule que ça intéresse, je trouve ça bien […]. C’est une belle jeunesse, mais on divise la France […].
 
Vous considérez-vous comme un hors-la-loi ?
 
Pas du tout. Quand j’entends ça, je le prends au second degré… Même si je comprends ce discours, puisque je ne respecte pas la loi. Mais il y a plus grave. Pas exemple, ce jeune homme qui a pris deux mois ferme (1). Je le soutiens de tout mon cœur, alors qu’au même moment, l’agresseur du RER est relaxé. C’est une justice à deux vitesses.
 
Pourquoi ne pas avoir marqué votre désaccord en démissionnant ?
 
Je n’ai pas l’habitude de baisser les bras. C’est comme au rugby. Si un genou vous fait mal, vous continuer pour les copains.
 
Dans votre réflexion, vous n’avez jamais inclus les conseillères municipales, qui étaient partantes pour recevoir votre délégation d’officier d’État civil. Pourquoi ?
 
Parce qu’elles ne sont pas officiers d’État civil. La loi ne leur accorde aucune prérogative. De plus, je n’ai pas eu le temps de réunir le Conseil municipal en séance. C’est ma liberté de conscience contre la leur. Et puis, lorsque l’on est une équipe, on reste soudé. On ne tape pas contre son camp.