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 d’ADHEOS

Après le vote, la validation par le Conseil constitutionnel de la loi, puis enfin la publication du décret d’application de la loi ouvrant le mariage aux couples homosexuels au Journal officiel, une première célébration est prévue mercredi 29 mai à Montpellier. Plus de 70 internautes ont répondu à l’appel à témoignages, lancé le 15 mai sur Le Monde.fr, interrogeant les motivations des couples qui cherchaient à se marier dès l’entrée en vigueur de la loi. Nous en publions ici une sélection.
 
"Quarante et un ans que nous attendions de nous dire oui !" par Claude, 65 ans, Agde (Hérault)
 
"Quarante et un ans que nous attendions de nous dire oui ! Plus qu’heureux, même si au vu des difficultés du passé, nous aurions aimé que cela soit possible lorsque nous étions plus jeunes ! Maintenant, ce mariage, nous le ferons plus en pensant aux garçons et aux filles qui ne se sentent pas encore à l’aise pour oser parler de leur sexualité ou pour avouer qu’ils vivent à deux.
 
Globalement, nous sommes acceptés dans notre ville (Agde), même si je m’attends à quelques réticences du maire UMP de ma ville, plus par idéologie que par principe personnel. Nous espérons ce mariage pour le 8 ou le 15 juin, vu comme une fête et non pour singer le mariage homme-femme !"
 
"Un choix personnel et symbolique", par Julie, 25 ans, avocate
 
"Jeune avocate, je suis en couple avec ma future épouse depuis quatre ans et désire me marier le plus tôt possible. Au départ, c’était purement un choix personnel, une envie et une évidence commune, mais l’actualité violente et délétère des derniers mois a ajouté à notre désir d’union une raison symbolique. Femmes de droit, notre Eglise, c’est la République, notre foi, l’égalité. Le mariage des couples de même sexe est l’aboutissement d’un processus républicain majeur de ces dernières décennies.
 
Se marier est un luxe pour les homosexuels occidentaux qu’il convient de ne pas bouder lorsque l’on en a l’envie. Un bel avenir républicain nous est ouvert et je suis heureuse de pouvoir en bénéficier. Nous aurions toutes les deux quitté la France si une telle réforme n’était pas passée. C’est donc aujourd’hui un immense soulagement."
 
"L’officialisation d’une vie passée ensemble", par Jean Pierre
 
"Cela fait trente-quatre ans que nous vivons ensemble. (…) Même si nous sommes pacsés depuis plusieurs années, notre union civile sera l’officialisation d’une vie passée ensemble et nous donnera plus de ‘sécurisation’ quant aux conséquences du décès de l’un ou l’autre. Les caisses de retraites cadres ne reconnaissent pas, actuellement, le pacs. Le mariage les obligera à tenir compte de cette union afin que le plus défavorisé puisse bénéficier d’une pension de réversion. Ce n’est pas ce qui nous préoccupe le plus, mais dans notre cas, l’un est plus dépendant de l’autre, que ce soit financièrement ou à cause de maladie incurable (l’un est handicapé à 80 %, l’autre est cardiaque et suivi depuis une vingtaine d’années).
 
Nous avons respectivement 71 et 67 ans et sommes à la retraite. Nous n’avons jamais eu à nous plaindre du regard des autres, que ce soit dans nos familles respectives ou dans notre quotidien. Nous ne sommes pas ‘folles’ et nous comportons comme tout un chacun. Cette union sera autant un choix personnel qu’un symbole fort de notre passé, puis de notre fin de vie que nous pensons la plus digne possible. Autant nous avons vécu discrètement, autant notre discrétion sera la même pour notre union. Notre témoignage est sincère et sans arrière-pensée puisque nous n’envisageons pas d’avoir d’enfant sous quelque forme que ce soit."
 
"Notre désir de mariage, c’est aussi le désir d’être reconnus comme une famille", par Christophe, 35 ans, Rome, enseignant
 
"Deux hommes, 35 ans et 42 ans, dix-sept ans de vie commune, un pacs contracté il y a treize ans, et un mariage dès que possible. Au départ, le désir de mariage passe par le besoin de protéger nos droits, nos biens et nos vies. Pas envie d’y penser, mais s’il devait nous arriver quoi que ce soit, nous souhaitons tous les deux que l’autre puisse prendre toutes les décisions qui s’imposent et qu’il n’y ait aucune ambiguïté avec nos familles concernant nos biens.
 
Et puis, il y a eu les débats sur le mariage pour tous, les propos ignobles des anti-mariage, et les interventions de Mme Taubira à l’Assemblée nationale et au Sénat. Depuis, notre désir de mariage, c’est aussi le désir d’être reconnus comme une famille. Avec le pacs, l’Etat a reconnu que nous étions un couple, nous avons la sensation que le mariage établira que nous sommes avant tout une famille. Nous n’avons pas d’enfant et nous n’en n’aurons probablement pas. Nous ne nous leurrons pas sur la possibilité réelle d’adopter pour un couple d’hommes, malgré la loi, mais nous sommes fiers d’être une famille !"
 
 
"C’est un mariage d’amour, pas une déclaration de guerre", par Pascal, 50 ans, Paris (16e), plasticien
 
"Nous souhaitons nous marier très bientôt. Cependant nous craignons l’environnement hostile de notre mairie. C’est pour cela que nous cherchons une autre mairie parisienne qui pourrait nous marier. Nous ne voulons pas que notre mariage soit le prétexte à manifestation. C’est un mariage d’amour, pas une déclaration de guerre. Nous espérons trouver un endroit où notre mariage sera célébré comme n’importe quel autre mariage, que ce jour soit un jour heureux et non un jour de combat. Dès que nous aurons trouvé, nous nous marierons."
 
"Une énorme protection pour notre famille", par Stéphanie, 38 ans, Paris
 
"Si nous souhaitons nous marier au plus vite, c’est pour permettre à ma compagne d’adopter enfin notre petit garçon de 2 ans. Et être enfin reconnues comme étant ‘parents’ toutes les deux à part entière, sans avoir à fournir de ‘mot’ si elle souhaite le récupérer à l’école, ou risquer de ne plus pouvoir le voir s’il m’arrivait quelque chose. C’est une énorme protection pour notre famille qui est enfin reconnue. Et aussi parce qu’après dix ans de vie commune, on peut officialiser notre union. Enfin !"
 
"Il y a quelque chose de militant dans le fait de se marier", par Fabrice, 52 ans, consultant, Saint-Denis (la Réunion)
 
"Cela fait vingt-trois ans que nous vivons ensemble mon ami et moi. Comme tout un chacun, nous vieillissons, nous avons construit notre vie et notre patrimoine ensemble, nous avons élevé un enfant ensemble. Se protéger l’un l’autre, protéger notre fille et enfin se faire reconnaître comme un couple à part entière est important pour nous et notre famille. Nous n’avons jamais subi l’homophobie, mais nous sommes conscients que ce n’est pas le cas pour tous. Il y a donc aussi quelque chose de militant dans le fait de se marier, de donner aux jeunes une autre image de l’homosexualité pour qu’ils acceptent une situation qui n’est pas de leur fait.
 
Alors, passer devant monsieur le maire (ou madame), c’est aussi faire comme tout le monde et non plus aller au tribunal, comme si nous étions l’un et l’autre délinquant (cas du pacs)… Et puis à nos âges, 49 et 52 ans, c’est aussi une occasion de faire la fête avec famille et amis et on n’en a plus souvent l’occasion."
 
"On n’en peut plus d’attendre ce jour", par Eric et Laurent, 52 et 57 ans
 
"On n’en peut plus d’attendre. Trente ans de vie commune, sans pouvoir se marier. On va se marier dès le premier jour disponible dans notre tout petit village d’Auvergne. On a déjà réuni tout notre dossier, on va à la mairie dès mardi le déposer, pour publier les bans, et dès que c’est possible, on se marie… On n’en peut plus d’attendre ce jour. Trente ans, vous imaginez, trente ans dans une sous-caste. Trente ans de mépris mais aussi trente ans de bonheur ensemble à subir cette discrimination. Enfin, c’est fini. Nous nous sommes disputés pour la première fois en trente ans, ce soir. On n’est pas d’accord sur la cérémonie. Ça commence les ennuis."
 
"Une lueur de malice lorsque j’annoncerai ‘voici mon mari’", par Michel
 
"En couple depuis plusieurs années, nous envisagions de conclure prochainement un pacs. Ce sera finalement le mariage. Pour une fois que nous aurons la possibilité d’être ‘comme tout le monde’, nous n’allons pas nous en priver ! Et j’aurai, en plus, une lueur de malice lorsque j’annoncerai ‘voici mon mari’, face aux étroits d’esprit et autres pisse-froid de service… Sachant qu’il est possible d’assumer sans provoquer. Nous attendons le respect et la non-discrimination, ni plus ni moins. Impôts, code de la route, Code civil… Nous respectons sereinement les règles de notre – très belle, quoi qu’en disent certains – France, respectez notre amour en retour."
 
 
"Rien que l’idée de dire ‘mon mari’ me remplit d’émotion", par Michael, 40 ans, publicitaire
 
"Quand nous parlons mariage, nos amis hétérosexuels pourraient presque nous trouver ringards, un tantinet désuets, mais, oui, nous voulons nous marier. Pour nous bien sûr, car nous nous aimons depuis seize belles années et rien que l’idée de dire ‘mon mari’ me remplit d’émotion. Nous voulons être comme tout le monde pour mieux pouvoir ensuite exprimer nos différences.
 
Mais nous voulons aussi nous marier pour tous ceux qui ont lutté pour que nous, gays du XXIe siècle, ayons les droits que nous obtenons aujourd’hui. Tant de souffrance, de rejet, de rage et de combats que nous n’oublions pas. Et, enfin, nous marier en pensant devenir des modèles pour de futures générations de jeunes gays, qui ne se sentiront plus citoyens de seconde zone si leur famille ou leur entourage devaient les rejeter au nom de leur différence. Alors oui, trois fois oui !"
 
"Je vois mon mariage comme un bras d’honneur à la France obscurantiste", par Jean-Baptiste, 29 ans, Alsace, chercheur
 
"En couple depuis douze ans avec mon partenaire (moi 29 ans, lui 34 ans), nous discutons du mariage tranquillement depuis quelques années, en vue de pouvoir adopter légalement (étant bien conscients que ce sera le parcours du combattant et que les chances que notre dossier aboutisse sont minimes).
 
Parfaitement intégrés dans notre environnement familial et professionnel en Alsace, nous n’aurions jamais imaginé un tel déferlement de haine dans notre pays et un tel retour des intégrismes violents, en particulier catholique. Cela nous a glacé en tant que citoyens et chrétiens. Nous qui n’avions jamais porté notre ‘fierté’ et détestions les excès de la gay pride avons pris conscience de notre ‘condition’ et des moyens de ne pas laisser un tel refoulement d’homophobie s’étaler dans les rues de notre pays. (…)
 
En plus du bonheur de ce pacte avec l’homme que j’aime depuis toujours, je vois mon mariage comme un bras d’honneur à la France obscurantiste arc-boutée sur ses principes poussiéreux. Et je serai heureux de vivre publiquement mon bonheur devant les ‘réacs’ intolérants, qui nous ont fait tant de mal ces derniers mois !"
 
"Un jour historique", par Jérôme, 43 ans, Vesoul (Haute-Saône), professeur des écoles
 
"C’est un jour historique ! (…) Mon compagnon et moi nous marierons pour légitimer notre amour mais également pour nous protéger mutuellement en cas de décès. Nous sommes propriétaires d’une maison achetée en indivision. La loi n’autorisant pas le mariage entre deux individus de même sexe, j’aurais été contraint de racheter sa part de la maison qui revenait de droit à ses enfants. Sauf que… je n’ai pas les moyens financiers de le faire. Aujourd’hui, il en sera autrement. Grâce à la promulgation de la loi, je garde l’usufruit de notre maison jusqu’à mon décès. Qui oserait dire que c’est injuste ?"
 
"Nous ne voulons plus vivre en marge", par Isabelle, 42 ans , Pays-de-la-Loire, enseignante.
 
"En couple depuis dix ans avec ma compagne Alexandra, nous avons décidé de nous marier dès la loi promulguée. Nous sommes mamans de deux filles : Marion, âgée de 17 ans, dont je suis la maman biologique (née d’une relation hétérosexuelle), et Eva, née par insémination, dont je suis la maman ‘sociale’. Nous souhaitons nous marier afin que je puisse adopter Eva, qu’Alexandra puisse adopter Marion, qui a perdu son papa il y a un an maintenant. Nous souhaitons nous marier afin qu’administrativement nous soyons une ‘vraie’ famille reconnue. Eva, aujourd’hui, n’a qu’un seul parent et cela doit changer.
 
Nous voulons les mêmes droits pour nos enfants et ne plus vivre en marge. Cela fait dix ans que nous formons une famille, qu’Alexandra élève Marion avec moi. Le projet bébé, nous l’avons eu ensemble. C’est un enfant qui a été conçu à deux, avec notre amour. S’il arrivait quelque chose à ma compagne, je n’aurais aucun droit sur Eva. C’est pour cela qu’aujourd’hui le mariage s’impose à nous."