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 d’ADHEOS

Alors que le projet de loi sera présenté le 7 novembre, les élus de Charente-Maritime donnent leur avis. Les réactions s’enchaînent et se déchaînent.
François Hollande, en campagne, avait annoncé qu’il ouvrirait le droit au mariage et à l’adoption aux couples homosexuels. François Hollande président n’a pas changé d’avis. Un projet de loi devait être présenté fin octobre, il le sera le 7 novembre en conseil des ministres. Forcément, une telle décision ne fait pas l’unanimité, même chez les homosexuels d’ailleurs. Et sur un plan politique, à droite en particulier, des élus s’insurgent.
 
Le clan des « réservés »
 
Certains, dont Didier Quentin, député-maire UMP de Royan ou Bruno Retailleau, sénateur et président du Conseil général de Vendée (divers droite, ex-villiériste) font partie des signataires d’une pétition pour réclamer un référendum.
 
« Je suis très réservé sur le mariage homosexuel et encore plus sur l’adoption. Que l’on approfondisse le Pacs (Pacte civil de solidarité, NDLR), que l’on renforce certaines dispositions, je suis parfaitement d’accord, mais je trouve parfaitement ridicule d’employer le mot ”mariage”. » Personnellement je ne célébrerai pas ce type de mariages, je ferai partie de ceux qui feront jouer la clause de conscience… », explique Didier Quentin.
 
Le Collectif des maires pour l’enfance réclame en effet l’instauration d’une « clause de conscience » qui permette aux maires qui y sont hostiles de ne pas célébrer de mariages homosexuels. Le recours à ce droit de conscience reste malgré tout fortement critiqué par certains, notamment par l’association des maires ruraux de France, qui souligne l’obligation faite aux officiers d’état civil d’appliquer la loi, dans le cas où celle-ci autoriserait l’union de deux personnes du même sexe.
 
En Charente-Maritime, d’autres élus sont très réservés et, déjà, se disent prêts à faire appel à d’autres élus de leur Conseil municipal pour célébrer l’union en question.
 
C’est par exemple le cas de Léon Gendre, maire UMP de La Flotte-en-Ré. « À moins d’être contraint manu militari par les gendarmes, plaisante-t-il, je ne célébrerai pas ces mariages, dit-il. je suis membre de l’UMP et catholique pratiquant. Mais bien sûr, il y aura toujours un élu de la Flotte avec une écharpe avec délégation du maire pour marier les homosexuels. Pas moi, c’est tout. J’ai toujours été favorable au Pacs et j’estime qu’il n’est pas utile d’aller plus loin. »
 
Encore plus catégorique, brutal même : Robert Chatelier, maire UMP de Soubise. « Ça n’est pas bien compliqué de vous répondre. Moi, je refuse ce genre de machins. On a autre chose à faire que des conneries comme ça. Si des gens vivent de la sorte, ça les regarde. Je connais des personnes qui sont… Bon, ce n’est pas un problème. Mais le mariage, c’est entre un homme et une femme. Quand la loi passera, je verrai s’il n’y a pas un adjoint qui accepte de le faire. »
 
À Saint-Georges-de-Didonne, Françoise Brouard, maire sans étiquette se dit « très tolérante » mais… elle n’est pas « du tout favorable à ces mariages. Vais-je en célébrer ? J’avoue que je n’ai pas encore pris ma décision, mais en tout cas si le cas se présente je le déléguerai bien volontiers à certains de mes adjoints ».
 
Plus au sud, Jacky Quesson (majorité départementale), maire et conseiller général de Saint-Genis-de-Saintonge, indique en préambule être « avant tout, respectueux de la vie et des choix des individus. Mais pour moi qui suis catholique, je ne puis accepter l’idée que l’on puisse marier des personnes de même sexe et encore moins de les voir adopter des enfants. Si la loi passe, nous respecterons les règles et je trouverai bien au sein de mon Conseil municipal un élu qui s’en chargera ».
 
Le Pacs suffisant
 
Bernard Goursaud, le maire divers gauche de Brie-sous-Matha, une commune de 205 habitants où six mariages entre couples mixtes y ont été célébrés en 2011, explique que « si la loi m’y oblige, je le ferai. Mais ce sera contraint et forcé. Aujourd’hui, il existe suffisamment d’éléments juridiques, comme par exemple le Pacs. Je connais des gens, dans ma commune, qui se sont ”pacsés” chez le notaire. Je crois qu’il y a des choses plus importantes à régler, aujourd’hui, que ça. Pour moi ça ne fait pas partie des priorités. Et mes adjoints sont dans le même état d’esprit. C’est une source de plus de divisions entre les gens. Surtout à la campagne. »
 
Pour sa part, Jean Rouger, maire PS de Saintes, se dit « légaliste ». « S’il le faut, je le ferai. Mais je pense que le Pacs était très bien et suffisait. Le mariage est une célébration qui a plusieurs siècles. Moi, j’aurais laissé les choses en l’état. Le Pacs était déjà une reconnaissance de l’affection que peuvent avoir deux personnes l’une pour l’autre. C’est un vrai contrat. Après, ce qui est important, c’est la reconnaissance sociétale du couple et de la manière dont il fonctionne. »
 
Jean-Pierre Tallieu, maire UMP de La Tremblade, n’est pas plus enthousiaste mais bon, la loi, c’est la loi. « Oui, si les occasions se présentent, je célébrerai des mariages homosexuels bien que je ne sois pas pour. Le Pacs est déjà une forme d’union, je ne vois pas l’intérêt du mariage. Je pense que dans cette histoire, la vraie question, c’est celle de l’adoption et comment va-t-on régler les problèmes des enfants en cas de divorce ?… ».
 
« La loi c’est la loi »
 
Dans le même registre, Patrick Blanchard, maire divers droite, de Longèves et président de la Communauté de communes du Pays marandais : « Si la loi nous y contraint, je ne botterai pas en touche. Un maire, par définition, est là pour appliquer la loi, sinon c’est la porte ouverte à n’importe quelle dérive ». À titre personnel, il serait plus favorable « à un super Pacs permettant à tous d’avoir les mêmes droits ».
 
À gauche, le radical de gauche, Pascal Ferchaud, maire et conseiller général de Saujon estime ne pas avoir à « porter de jugement sur cette question » : « Si je dois célébrer un mariage homosexuel, je ne vois pas pourquoi je ne le ferai pas. C’est la loi. Le maire est le représentant de la loi de la République et doit la faire appliquer… ».
 
Au PS, Bernard Grasset, maire de Rochefort, livre également sa position : « Ce n’est pas quelque chose que j’aurais initié, même si cela ne me pose pas de problème majeur. Le mariage, c’est généralement entre un homme et une femme. De plus, on parle de mariage civil et non religieux, sachant que le Pacs offre les mêmes droits. Je ne vois donc pas vraiment quel intérêt il y a à instaurer le mariage homosexuel. Mais j’appliquerai la loi. Si vous posez la question à droite, on vous dira que c’est insensé. Et à gauche, certains seront gênés.
 
Quant à l’adoption, cela se passe généralement très bien, qu’il s’agisse de deux hommes, de deux femmes ou d’un homme et une femme. Quels qu’ils soient, les couples qui adoptent montrent une réelle volonté d’assurer parfaitement l’éducation d’un enfant ».
 
Le clan des convaincus
 
De son côté, Jean-Michel Massé, le maire sans étiquette de Saint-Denis-d’Oléron aborde cette échéance avec sérénité. « J’appliquerai la loi, mais en plus, elle ne me pose aucun problème particulier. C’est la reconnaissance d’un phénomène aussi vieux que l’humanité. Je procéderai à ces mariages aussi naturellement que d’ordinaire. La première fois, si ce cas de figure se présente, il y aura une ambiance particulière ; il ne faut pas le nier. Mais rien ne me choque dans cela. J’ai reçu des courriers d’élus d’associations, qui s’érigent en opposants. J’ai suivi le débat national sur la question. Mais cela n’a pas changé ma vision des choses. »
 
Sans étiquette mais plutôt à gauche, de sensibilité écologiste, Jacky Laugraud, maire sans étiquette de Port-des-Barques, « trouve ça bien. Lorsqu’il s’agira de marier des couples homosexuels, je le ferai à la fois par conviction et parce que c’est la règle. Le mariage est un choix individuel et je suis pour la liberté des uns et des autres. Il s’agit d’une reconnaissance. Pour l’adoption, qui ne concerne pas les maires, c’est le même principe. Je suis pour. Ça n’engage que moi. »
 
Au PS, Maxime Bono, le maire de La Rochelle, n’est pas embarrassé du tout par la question. Il s’était d’ailleurs déjà engagé lors de la campagne présidentielle : « Cela permet une meilleure protection des gens qui vivent ensemble, elle est supérieure au Pacs. Je marierai les homosexuels qui le souhaitent sans la moindre difficulté. »