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 d’ADHEOS

A Matha, le refus du maire de marier deux hommes blesse un des futurs mariés qui réagit
 
Même à Bangkok, hier, Bernard Rouhaud ne risquait pas de louper l’actualité de Matha. « J’ai reçu plus de dix fois l’article de “ Sud Ouest ” depuis ce matin », témoigne le futur marié, au cœur de la polémique lancée la veille par le maire. Premier magistrat de Matha, Claude Binaut expliquait hier dans nos colonnes pourquoi il ne marierait pas Bernard Rouhaud et son ami thaïlandais, Peng Saepinta, le 3 août prochain. Opposé au projet du mariage pour tous, cet élu divers droite de 77 ans ne veut pas marier de gays. Et l’assume.
 
« Je ne suis pas surpris », assure Bernard Rouhaud qui connaît bien « son » maire. « Nous sommes entrés au Conseil municipal de Matha en même temps. Moi sur une liste d’union de la gauche et lui sur celle du maire de l’époque. » C’était il y a près de quarante ans et rien ne les a rapprochés depuis. Cette fois le divorce est prononcé.
 
« Je suis dans l’incompréhension totale. Qu’il ne respecte pas la loi, je ne suis pas surpris et je n’avais pas imaginé qu’il nous marierait mais qu’il indique faire une différence entre les filles et les garçons, là c’est de la discrimination. » La veille en effet, Claude Binaut précisait qu’il pourrait marier « deux femmes, au pied du mur, mais pas deux hommes ».
 
Attaquer le maire
 
« C’est que c’est plus sale deux hommes que deux filles ! » provoque Bernard Rouhaud, affirmant vouloir porter plainte contre l’élu. « Je suis en train de me renseigner pour voir comment je peux l’attaquer, ça ne peut pas en rester là », expliquait-il, tout en regrettant une telle situation. C’est qu’à 66 ans, Bernard Rouhaud est un vieux militant de la paix et de la tolérance. Avant de partir travailler dans différentes ambassades comme attaché culturel, cet enseignant avait créé la troupe « Les Ajhassons » à Matha, et dirigé le Festival international de folklore (de 1976 à 1988).
 
« On a donné une image d’ouverture au monde à cette commune. Le maire en profite encore aujourd’hui avec les chemins de la paix à partir des dalles offertes à l’époque au festival par différents pays et personnalités, dont François Mitterrand […] Je suis blessé », développe ce militant qui ne changera rien pour autant à son projet.
 
« Je n’ai aucune raison de ne pas me marier dans ma commune : mon père est décédé il y a deux ans mais maman vit toujours, à 87 ans, à Matha, j’y ai passé mon enfance, j’y ai travaillé. J’ai bien le droit de m’y marier », argumente celui qui y revient cet été. Bien avant le mariage.
 
Des élus prêts à les marier
 
Le couple arrive le 7 juillet pour tout préparer car la fête annoncée va être à l’image de la carrière et des activités de Bernard Rouhaud : très internationale. « Nous sommes à 302 invités aujourd’hui dont 130 étrangers de 21 pays différents », se réjouit cet habitant du monde, et de Matha.
 
« J’y tiens. La preuve j’aurai pu me marier ailleurs. Ici, où l’ambassade me l’a proposé, ou dans des communes voisines de Matha : trois maires, « dont celui de Néré », m’ont déjà fait savoir qu’ils étaient prêts à le faire », note, rassuré, Bernard Rouhaud en attendant de savoir quel élu de Matha officiera.
 
« On ne me l’a pas dit pour l’instant mais j’ai rendez-vous le 9 ou le 10 juillet à la mairie de Matha, on en parlera. J’espère d’ailleurs que j’aurai l’occasion d’échanger avec Claude Binaud », tente d’apaiser Bernard Rouhaud, affirmant être en train de finir d’écrire un livre sur… Matha. Peut-être pourra-t-il y rajouter un chapitre. Sur son mariage.