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 d’ADHEOS

Le mouvement conservateur doit présenter le résultat de six mois de travail sur ses thèmes de prédilection : famille, GPA…
Devinez qui se réunit, ce 8 mars, Journée internationale des femmes, à la Maison de la Mutualité – salle historique de la gauche pendant des décennies -, pour y présenter son «Grenelle de la Famille» ? Réponse : la «Manif pour tous», jamais en reste pour récupérer les codes de leurs adversaires progressistes. Le mouvement, né en opposition à la loi ouvrant le mariage et l’adoption aux couples homosexuels, espère faire salle comble. 1 800 personnes sont attendues, ainsi qu’une quarantaine de parlementaires, principalement UMP et UDI. Un élu FN devrait aussi être de la partie. Ludovine de la Rochère, présidente de la Manif pour tous, ne cache pas sa satisfaction devant ce pied de nez envoyé aux mouvements féministes appelant à manifester ce samedi. «Symboliquement, c’est magnifique, dit-elle. Il s’agit de reconnaître chacun – père, mère, enfant – à sa place.»

Militants. Son mouvement doit présenter les conclusions du travail effectué depuis six mois par «des milliers de Français». En réalité, principalement des militants gravitant autour de la Manif pour tous, très attachés à la défense de la famille traditionnelle. Ludovine de la Rochère préfère le terme de «famille durable». Comprendre : un modèle qui va durer toute la vie, parce qu’on s’y est engagé devant Dieu.
 
Les défenseurs de cet ordre établi ont travaillé dur. Depuis l’automne, des groupes de travail se sont constitués, partout en France. Six thèmes ont émergé des débats : le couple, l’enfant et la filiation, l’éducation, la qualité de vie, la lutte contre la paupérisation et la solidarité intergénérationnelle. Et qu’importe si le gouvernement a décidé finalement d’abandonner en rase campagne le projet de loi Famille il y a quelques semaines. Alors que les socialistes mettent le paquet sur l’économie et le social, à travers le pacte de compétitivité, la Manif pour tous entend pousser son avantage.
 
«Nous sommes dans une démarche constructive et souhaitons formuler des propositions pour demain et après-demain», défend Ludovine de la Rochère. Dans le détail, une dizaine de principes et une quarantaine de propositions seront dévoilés. Sans surprise, une bonne partie s’affichent en opposition aux actions du gouvernement. Il sera ainsi question de rappeler que le mariage est «l’engagement d’un homme et d’une femme», de garantir «à chaque enfant qu’il sera adopté par un père et une mère», ou encore d’inscrire dans la loi que l’enfant «ne peut faire l’objet d’un contrat», et qu’il ne peut donc être «ni acheté, ni échangé».
 
Dans le viseur de la Manif pour tous : la gestation pour autrui (GPA), à laquelle le gouvernement a pourtant maintes fois redit son opposition. «Mais certains y sont favorables, juge Ludovine de la Rochère. Il faut marteler le principe d’indisponibilité du corps humain, c’est d’ailleurs pour ça qu’il y a un lien avec la Journée de la femme.»
 
Interdiction. La pasionaria des antis compte aussi demander une «politique proactive à l’étranger» pour obtenir l’interdiction de la GPA partout sur le sol européen. D’autres propositions plus concrètes devraient figurer dans le Manifeste pour la famille et pour l’enfant qui sera dévoilé. Un livret au format de l’opuscule Indignez-vous ! de Stéphane Hessel, mais en «rose et bleu», on ne se refait pas. Ainsi de la volonté de «généraliser une préparation au mariage» sous l’égide des maires, à la manière de ce que peut faire l’Eglise catholique. Ou encore «d’accompagner les tout nouveaux parents» dans leur rôle via des «maisons des familles».
 
La Manif pour tous espère que ce programme débouchera sur une proposition de loi dans les prochains mois. «Cela peut aussi enrichir le programme des partis», précise Ludovine de la Rochère, dont le mouvement a d’ailleurs fait signer une charte d’adhésion à ses valeurs à quelques centaines de candidats aux prochaines élections municipales (Libération du 27 février). Ce lobbying tradi devrait se poursuivre dans la rue. Cette fois, c’est la supposée «théorie du genre» qui sera invoquée. «On ne peut pas accepter que l’expérimentation des ABCD de l’égalité soit étendue à la rentrée prochaine.»