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 d’ADHEOS

Mgr Aillet a fait à plusieurs occasions l’objet de critiques.
Enfin Don Aillet vint. Il y relate les liens de l’évêque avec les milieux intégristes qu’il rattache à « l’extrême-droite ».
 
Les prétentions politiques de Mgr Aillet ne s’arrêtent pas là. Un exemple particulièrement frappant est son voyage en Russie organisé par Grégor Puppinck, directeur du Centre européen pour le droit et la justice (un lobby chrétien conservateur). Mgr Aillet, accompagné de membres de la Manif pour tous, rencontra à l’occasion des membres du parti Russie Unie. Les liens avec la Russie restent d’ailleurs solides puisque le 10 octobre, le diocèse de Bayonne a fait venir pour une conférence, un personnage très curieux, Alexey Komov.
 
Ce dernier est le porte-parole du World Congress of Families (WCF), une organisation parrainée par deux oligarques pro-Poutine, Vladimir Yakunin, PDG des chemins de fer russes, et Konstantin Malofeev, fondateur du fond d’investissement Marshall Capital (pour plus d’informations sur le WCF, voir l’infographie de Mother Jones). Dans son intervention à Bayonne, Alexey Komov revendique ouvertement être financé par Konstantin Malofeev qui a aussi créé une « Fondation pour l’internet sûr » à l’origine de la première ébauche du projet de loi de censure de l’internet en Russie. Komov a aussi dirigé cette fondation. Au bureau de l’organisation, participent l’archiprêtre orthodoxe Dmitri Smirnov (qui a dirigé la commission du patriarche sur la protection de la famille, de la maternité et de l’enfance, très engagée pour promouvoir les lois répressives envers les homosexuels) et Elena Mizulina, rapporteur des lois anti-gays à la Douma. La WCF essaie de défendre à l’international les lois anti-gay russes et tente de tisser en lien en Europe et aux Etats-Unis avec des organisations extrêmement conservatrices. Selon Human Rights Campaign, la WCF a été très active dans la promotion de lois homophobes comme en Ouganda où elle a soutenu la peine de mort pour les homosexuels.
 
On peut aussi s’interroger sur le fond du message diffusé lors de cette conférence. Selon Alexey Komov, le plan de destruction de la famille est mené par les élites financières aux ordres du Federal Reserve System, la banque centrale des États-Unis. Komov affirme aussi que Trotsky était un agent financé par Wall Street et que les banquiers américains ont soutenu les bolchéviques en 1917 pour imposer le communisme en Russie. C’est ce que rapporte le directeur de l’organisation très conservatrice, Accuracy in media, dans son compte-rendu de l’intervention d’Alexey Komov dans une conférence de presse à Washington DC en février 2014. Toujours selon Komov, les marxistes et les financiers peuvent bénéficier du soutien de l’ONU pour promouvoir l’éducation sexuelle et le planning familial. Alexey Komov a aussi été invité lors de son périple en France au mois d’octobre à un débat dans l’église Notre-Dame de Passy (XVIe arrondissement de Paris) avec Jean-Marie Andrès, le président de la Confédération Nationale des Associations des Familles Catholiques (CNAFC) et … Guillaume d’Alançon, délégué à la pastorale familiale et en charge de l’académie diocésaine pour la vie du diocèse de Bayonne.
 
Des thèses conspirationnistes comme celles d’Alexey Komov sont régulièrement diffusées sur le site du diocèse. Par exemple, cet article de Thibault Luret, chargé de communication du diocèse, sur le genre en est un parfait exemple. Á grand coups d’amalgames, l’auteur en profite pêle-mêle pour critiquer la lutte contre l’homophobie, contre les stéréotypes de genre ou encore contre les discriminations fondées sur l’orientation sexuelle. Au premier plan de ce grand complot de la théorie du genre, on retrouve là aussi l’ONU et la Commission européenne.
 
Mgr Aillet a l’habitude de se poser en victime de libertaires qui veulent s’en prendre à lui parce qu’il défend la famille et les valeurs morales. Le problème n’est pas là. Que Mgr Aillet exprime ses opinions et qu’il manifeste son désaccord avec le salon de l’érotisme à Pau, c’est son .droit.
 
Par contre, il est beaucoup plus choquant de voir les moyens du diocèse utilisés à des fins directement politiques et de propagande au service d’intérêts particuliers. Il y a aussi le coup financier de toutes ces interventions. On peut s’interroger sur le financement des déplacements d’Alexey Komov et Austin Ruse à Bayonne et du coût des déplacements de Mgr Aillet en Russie. En 2013, le diocèse enregistrait un résultat net négatif de 500 000 euros pour un budget de 5 millions d’euros, soit 10 % de déficit. Les charges de fonctionnement représentent la moitié des dépenses.
 
Cet état de fait est d’autant plus choquant quand on le met en perspective avec l’ambiance délétère qui règne dans le diocèse. Un article, de Véronique Fourcarde, paru dans Sud-Ouest, daté du 13 décembre, fait état de ces divisions. Une fois de plus, Mgr Aillet s’est présenté en victime de la désinformation. Fait assez drôle, il a cité le billet du blog du médiateur de Sud-Ouest, Thierry Magnol, pour souligner les nombreux courriers d’indignation reçus. De plus, d’après lui, le médiateur aurait reconnu qu’il serait « bien placé pour savoir que la « majorité silencieuse » de notre diocèse se tient à distance de ces polémiques.». C’est complètement faux, le médiateur tenait à insister justement sur l’extrême division qu’il observait dans le courrier des lecteurs. Son billet se termine par une conclusion de Véronique Fourcade qui évoque le climat d’omerta dans le diocèse et qui ajoute, c’était « comme si le débat sur la gouvernance au sein de l’Église était tabou. »
 
Les quatre ans de prélature de Mgr Aillet ont été animés par les querelles entre les partisans de l’évêque qui approuvent ses agissements et ceux qui ne supportent plus cette instrumentalisation du diocèse. Comme le dit Thierry Magnol, il y a bien deux chapelles dans le diocèse de Bayonne. Mgr Aillet a manifestement échoué à mener son diocèse dans l’unité.