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 d’ADHEOS

 Mercredi à la Bellevilloise, une salle parisienne, Christine Boutin participait à un débat sur les évolutions de la famille. Mais des militants se sont incrustés dans la discussion. Récit, photos et vidéo d’une soirée mouvementée
  
Mercredi soir, Christine Boutin a eu du mal à en placer une. Invitée à un débat sur les évolutions de la famille par Terra Nova, un groupe de réflexion de gauche, tendance sociale démocrate, l’ancienne ministre du logement ne devait discuter qu’avec Geneviève Delaisi de Parseval, psychanalyste et plutôt progressiste sur ces questions. Mais elle s’est retrouvée confrontée à une trentaine de militants d’Act-Up et des Panthères roses, déterminés à la faire taire. «Pour nous, débattre de l’égalité des droits est illégitime. Et il est impossible de laisser Christine Boutin s’exprimer sur ce sujet», explique Eric Marty d’Act-Up.

  
Discrètement, les militants des deux associations s’étaient infiltrés dans la salle de la Bellevilloise, dans le 20e arrondissement de Paris, et éparpillés dans l’assistance. En arrivant, l’ancienne ministre du logement note d’ailleurs, étonnée et ravie, qu’il y a «beaucoup de monde». Pendant ce temps, des SMS «on attend qu’elle parle pour exploser» circulent de portable en portable. Et dès que Christine Boutin prend le micro, une jeune fille se lève et lui demande de se taire. Aussitôt, une dizaine de militants d’Act-Up se dresse, brandit des pancartes et scande «Boutin Homophobe» ou «Boutin, tais-toi». Les autres spectateurs restent silencieux et, après plusieurs minutes, la sécurité de la Bellevilloise éloigne les militants. Le calme revenu, Christine Boutin reprend la parole. Elle dit «comprendre qu’il y ait des interrogations et que ces sujets soulèvent des passions». Et elle ajoute : «Mais je ne tolérerai jamais qu’on dise que je suis homophobe, je ne le suis pas»…
 
 Le ton monte
Et immédiatement, une deuxième salve de contestation arrive. Armés d’affiches, des militants des Panthères roses se lèvent à leur tour et scandent «Plus de débat, égalité des droits». Le ton monte dans la salle, les esprits s’échauffent, une femme attrape le micro et explique qu’elle est venue de province et qu’elle veut son débat, Geneviève Delaisi de Parseval désapprouve l’intervention des associations et invoque la nécessité de discuter sereinement, une quinquagénaire hurle «fascistes» à l’attention des Panthères, un homme bouscule une jeune femme en lui arrachant des mains son affiche.
 
 Les protestations se poursuivent et Christine Boutin reste impassible, rien ne perturbe son petit sourire de circonstance. La sécurité se muscle et sort, un à un, les militants. En une dizaine de minutes, ils sont tous mis à la porte et continuent de crier leurs slogans depuis le trottoir. A l’intérieur, Christine Boutin reprend son discours, devant une salle vidée d’un tiers. Dehors, tous les militants rient, plutôt contents. Et le «Je ne suis pas homophobe» lancé par l’ancienne ministre semble devenir la blague du jour.