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 d’ADHEOS

L’Assemblée de la capitale mexicaine a ouvert hier le mariage et l’adoption aux couples de même sexe. Une première en Amérique latine, et au Mexique même, beaucoup moins progressiste au niveau national.
 
La ville de Mexico, administrée par la gauche (minoritaire au niveau national), a autorisé lundi le mariage homosexuel, ce qui constitue une première en Amérique latine. Les députés de l’Assemblée du District fédéral mexicain, autrement dit de la capitale, ont ainsi modifié l’article du code civil local qui spécifiait jusqu’à présent que «le mariage est l’union librement consentie entre un homme et une femme», a-t-on appris auprès de l’Assemblée. La ville de Mexico avait déjà autorisé l’union civile homosexuelle -et non le mariage- en novembre 2006.
 
Nulle part ailleurs en Amérique latine
Le mariage entre personnes du même sexe n’est légal nulle part ailleurs en Amérique latine, même si leur union civile, à l’image du pacs français, est reconnue dans plusieurs pays comme l’Uruguay et la Colombie ou l’Argentine. La Cour suprême de Buenos Aires doit se prononcer sur l’autorisation de mariage entre deux hommes donnée par un juge, et annulée par un autre début décembre.
 
A Mexico, l’accès des homosexuels au mariage a été approuvé «par 39 voix en faveur de la proposition, 20 contre et cinq abstentions», a confirmé Oscar Oliver, porte-parole du député de gauche Davi Razu, principal promoteur du projet.
 
«Lois injustes»
Une controverse a surgi ensuite à propos de l’adoption par des couples homosexuels, dont l’interdiction initialement mentionnée dans le texte a été retirée par la majorité de gauche de l’Assemblée. L’opposition conservatrice a annoncé qu’elle introduirait un recours.
 
«Pendant des siècles, des lois injustes ont interdit les mariages entre blancs et noirs ou indiens et européens, on a interdit l’amour étranger (…) Aujourd’hui ces barrières ont disparu», s’est réjoui le député Victor Romo, du Parti de la révolution démocratique (PRD, gauche) du maire de la capitale, Marcelo Ebrard.
 
«Il faut fêter cela!»
Une centaine de partisans du mariage ouvert aux homos manifestaient paisiblement devant l’Assemblée pendant les débats, plusieurs couples gays et lesbiens échangeant des baisers. «Il faut fêter cela. C’est un progrès social et culturel», a déclaré Antonio Medina, coordinateur de l’Agence mexicaine Notiese, spécialisée dans l’information sur les droits LGBT. «Nous espérons que les conservateurs ne vont pas tenter d’annuler le vote devant la Cour suprême», a-t-il ajouté.
 
L’Assemblée du gouvernement du District fédéral compte 66 députés, dont 42 du PRD ou apparentés. Les débats ont été vifs entre la gauche et l’opposition locale de droite. «C’est un bobard du PRD à fins électorales», a dénoncé un communiqué du Parti d’action nationale (PAN) du président conservateur mexicain Felipe Calderon, minoritaire dans l’Assemblée de la capitale.
 
Pays très catholique
Le PAN invoque la Loi fédérale de Sécurité sociale pour affirmer que «le conjoint est nécessairement du sexe opposé à celui de l’assuré». La ville de Mexico, qui avait déjà autorisé l’union civile homosexuelle -et non le mariage- en novembre 2006 et dépénalisé l’avortement en avril 2007, s’affirme ainsi à nouveau à la pointe des réformes, dans un pays très catholique et où l’Eglise s’oppose fortement à ces initiatives.
 
Une vague conservatrice s’élève d’ailleurs actuellement dans le pays contre l’avortement, autorisé à Mexico alors qu’il est désormais passible de prison, jusqu’à 50 ans, dans la moitié du pays. Dans le reste du Mexique, l’avortement n’est possible qu’en cas de viol, d’inceste ou de danger pour la santé de la mère.
 
Photos: AFP, Fotolia.