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 d’ADHEOS

Avec « Out in the line-up » présenté samedi soir, le Français Thomas Castets a voulu briser le mur du silence qui entoure l’homosexualité dans le surf .
 
Il s’appelle Thomas Castets, 37 ans. Un nom à consonance landaise. Comme son père, bien qu’il ait vécu en Normandie, avant de prendre un aller simple pour l’Australie. L’aventure, « the search », disent les surfeurs… Lui a trouvé sa voie, sa bataille : le surf et l’homosexualité. Son film « Out in the line-up » retrace l’odyssée qu’il entreprend avec un Australien, leurs rencontres.
 
« Sud Ouest ». Quand avez-vous décidé de quitter la France ?
Thomas Castets. J’avais 18 ans, quand j’ai décidé de partir en Australie et j’y ai beaucoup surfé. J’ai rencontré beaucoup de potes qui, petit à petit, se casaient, avaient des enfants. Ce n’était pas ma tasse de thé. À 25 ans, je me suis dit : « Et si je rencontrais un surfer gay pour faire des trips ? (des voyages avec des sessions de surf, NDLR) »
J’ai alors créé, en 2010, un site : gaysurfers.net. En l’espace d’une semaine, 300 personnes se sont inscrites, d’Australie, d’Afrique du sud, des States et même… d’Angola. Comme Facebook, c’est devenu en très peu de temps un véritable réseau social. Rapidement, 51 groupes géographiques avec un administrateur se sont constitués dans le monde.

En France, aussi ?
Oui, en Bretagne, à Lacanau et à Hossegor. J’ai alors décidé ensuite de faire un tour du monde en 2012 pour rencontrer les administrateurs du site, à Hawaii, San Diego, au Mexique et en Indonésie. Parmi mes rencontres, Cori Schumacher, trois fois championne du monde de longboard (dont le Roxy Jam de Biarritz en 2010, NDLR) qui s’est éloignée, pendant des années, du circuit, parce qu’elle s’estimait différente, tout comme Robbins Thompson, un champion pro avant la création du circuit ASP. Et puis, de retour en Australie, j’ai rencontré David Wakefield, le personnage principal du film, 48 ans. Il m’a alors raconté qu’à 16 ans, il avait gagné des championnats de surf, avant d’abandonner à 18 ans, parce qu’il vivait mal son homosexualité. Et par peur d’être rejeté, il est rentré dans son placard.
 
Comment votre communauté de surfeurs homosexuels s’est-elle fait connaître, jusqu’au tournage du film ?
Notre site, qui compte aujourd’hui des milliers d’abonnés, a contribué à notre notoriété. On a décidé alors de prendre part, avec nos planches de surf, à la fête du Mardi gras qui est à Sydney l’équivalent de la Gay Pride en France. Notre participation à cette parade n’est pas passée inaperçue dans le milieu. C’est à ce moment-là que nous avons décidé de tourner le film. En reprenant la route. Difficile de faire tomber ce tabou. Nous avons pu interviewer le célèbre surfeur Barton Lynch, qui connaissait le problème car son frère est homosexuel.
 
Nous avons voulu faire parler des pros, mais en vain. Nous avons contacté plusieurs fois Dave Prodan, un des officiels du circuit des pros de l’ASP. Il nous a posé trois lapins avant de parler, lors d’une compétition à Byron Bay en Australie, pour nous contacter plus tard, en disant : « Je ne veux pas que mon interview figure sur le film ». Étonnant quand, dans d’autres sports, l’homosexualité n’est pas dissimulée. Mais Ian Thomson a bien réalisé « Out in the line-up », et le tournage a été terminé en février dernier.

Le résultat est-il à la hauteur de ce que vous attendiez ?
On peut le dire, mais je dois vraiment préciser que ce Festival du film d’Anglet était pour nous une étape extrêmement importante pour faire connaître le film. Or, voilà qu’à notre grande surprise, il a déjà été primé plusieurs fois. Il a reçu le Prix du public à Byron Bay, le Prix du jury à San Diego et il a été nommé meilleur film de surf dans un festival de sports extrêmes. De quoi exprimer toute ma reconnaissance aux 66 personnes qui ont travaillé bénévolement sur ce long-métrage. Un DVD est sorti et on peut le télécharger (1) avec sous-titres en français sur Itunes et Vimeo. Quant au site, il compte aujourd’hui 5 500 membres, de l’Équateur à l’Irlande.