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 d’ADHEOS

 Cinq ans après son voisin espagnol, le Portugal pourrait légaliser vendredi le mariage entre les couples de même sexe. Une évolution sociale qui ne suscite pas de fortes polémiques. Etats des lieux.
 
 Pays de forte tradition catholique longtemps réputé rétrograde, le Portugal s’apprête pourtant à légaliser, dans une relative indifférence, le mariage homosexuel qui pourrait être voté dès vendredi en première lecture par le Parlement.

 
 
Opposition discrète
A quelques mois d’une visite du pape Benoît XVI, attendu en mai au Portugal, le projet du gouvernement socialiste qui exclut toutefois l’adoption par les «conjoints mariés de même sexe», devrait recueillir les voix de l’ensemble des partis de gauche, majoritaires à l’Assemblée. Contrairement à l’Espagne où la légalisation du mariage gay en 2005 avait suscité une forte contestation, faisant descendre dans la rue des centaines de milliers de personnes, le texte n’a suscité au Portugal qu’une opposition discrète des associations proches des milieux catholiques, la droite évitant soigneusement tout jugement moral sur la question.
 
Et tout en rappelant régulièrement la doctrine de l’Eglise sur le mariage et la famille, la hiérarchie catholique portugaise s’est refusée à mobiliser ses ouailles sur un sujet qui, selon le cardinal-patriarche de Lisbonne Mgr José Policarpo, est «de la responsabilité du Parlement». «Je crois qu’au Portugal, les gens ont appris une chose fondamentale avec la démocratie: le respect des droits individuels», estime pour sa part Miguel Vale de Almeida (photo), anthropologue et premier député portugais ouvertement gay élu en septembre.
 
Pas de référendum
Coordinateur du dossier pour le Parti socialiste, M. Vale de Almeida estime qu’«il existe aujourd’hui une majorité politique en faveur du mariage homosexuel» et juge «trop simpliste de lier catholicisme et conservatisme». Selon un sondage réalisé en novembre par l’institut Eurosondagem pour plusieurs médias portugais, si une très forte majorité de Portugais (68,4%) reste opposée à l’adoption par des couples de même sexe, ils sont nettement plus partagés sur la question du mariage homosexuel (49,5% contre, 45,5% pour).
 
Mardi, une «plate-forme citoyenne» a remis à l’Assemblée une pétition de plus de 90.000 signatures pour exiger la tenue d’un référendum. Conformément à la Constitution, cette demande sera soumise vendredi au Parlement mais devrait être rejetée par la gauche. Echaudé sans doute par le précédent de l’avortement qui avait nécessité deux référendums avant d’être finalement dépénalisé en 2007, le gouvernement socialiste a exclu cette fois toute consultation populaire jugeant avoir «toute légitimité» pour faire voter par le Parlement une mesure inscrite à son programme électoral.
 
Question à régler avant la visite du pape
Outre le projet de loi gouvernemental, les députés seront également appelés vendredi à se prononcer sur trois propositions d’initiative parlementaire relatives aux unions homosexuelles, dont deux, déposées par le Bloc de gauche (extrême gauche) et les Verts, consacrent le droit des couples homosexuels à l’adoption.
 
A droite, le Parti social-démocrate (PSD) qui défend la vocation «familiale» du mariage, va proposer la création d’une «union civile enregistrée» qui élargit les droits des «partenaires» homosexuels notamment en matière de succession et de protection sociale. Seul le texte socialiste semble en mesure de recueillir une majorité de voix. Il devra ensuite faire l’objet d’un nouvel examen détaillé en commission avant son vote définitif, à une date indéterminée. Selon plusieurs médias portugais, le gouvernement socialiste comme la hiérarchie catholique souhaitent que la question soit «réglée» avant la visite du pape, prévue du 11 au 14 mai.