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 d’ADHEOS

Créée il y a 12 ans par un groupe de parents, Contact Aquitaine aide les familles ayant des difficultés à accepter l’homosexualité d’un(e) de leurs proches. Membre du réseau Contact, qui comprend 20 autres antennes départementales en France, l’association est la seule à se concentrer sur la relation entre les homosexuels et leurs familles. Pour que le lien qui les unit ne soit pas détérioré par de vieux clichés.
 
Il pleuviote ce soir-là à Talence. Dominique a donné rendez-vous à La Pause Strophe, petit café récemment ouvert dans la ville. Elle a intégré Contact Aquitaine en 2006 en tant que bénévole, tout juste après s’être installé à Bordeaux avec son mari. Il y a 10 ans, alors qu’ils résidaient encore à Paris, c’est le coming-out de leur fils qui les a poussé à assister aux premières réunions de l’antenne francilienne de l’association.
 
« Nous avions des doutes quant à son homosexualité », se souvient-elle, « mais lorsqu’il nous l’a annoncé, le ciel nous est quand même tombé sur la tête ».
 
Son mari et elle cherchent alors à rencontrer des parents ayant traversé la même situation. Au sein de Contact, les groupes de parole mêlant parents et jeunes les aident à relativiser.
 
« Au départ, notre sentiment de culpabilité était énorme. Ces réunions nous ont permis de faire le deuil de l’enfant idéal. Aujourd’hui, nous avons de très bons rapports avec notre fils. Il est heureux en couple depuis 3 ans et notre gendre est adorable ».
 
Aider les gens
 
À 30 ans, Farid est depuis peu bien dans ses baskets. Il a intégré Contact Aquitaine fin 2010, attiré par l’idée de faire partie du milieu associatif. « Je ne voulais pas être dans une association ultra-militante », explique-t-il. « Mon but était simplement d’aider les gens et la démarche de Contact m’a parlé : dans ma famille, seule ma mère est au courant de mon homosexualité. Mon père est musulman pratiquant, c’est plus délicat… Je ne lui ai pas encore dit, mais je pense qu’il s’en doute ».
 
Il explique ce qui l’a intéressé chez Contact Aquitaine :
 
C’est par le biais d’une lettre qu’il a fait son coming-out à sa mère. Moment difficile qu’il a pu réaliser encore une fois, grâce à l’aide de l’association.
 
Outre la participation aux réunions de l’association, Farid participe avec d’autres bénévoles à l’organisation d’interventions en milieu scolaire (IMS) dans les établissements de la région. L’agrément national « Jeunesse et éducation populaire »dont bénéficie Contact Aquitaine permet aux chefs d’établissements désireux de sensibiliser leurs élèves à l’homophobie, de connaitre facilement l’association.
 
L’année dernière Farid a effectué sa première intervention en milieu scolaire. Elle l’a fortement marquée.
 
Des refuges partout sauf à Bordeaux
 
Mais que faire lorsqu’un(e) jeune n’est plus accepté(e) par sa famille après son coming out ? Dans ce cas extrême, aucune structure d’hébergement spécifique n’existe en Aquitaine. Ni dans l’ensemble du Grand Ouest d’ailleurs. Dans plusieurs grandes villes pourtant, l’association Le Refuge héberge temporairement des jeunes âgés de 16 à 25 ans et devenus SDF en raison de leur orientation sexuelle. Plusieurs appartements-relais sont mis à leur disposition un peu partout en France. Un peu partout oui, mais pas à Bordeaux…
 
Bien que recensé parmi les associations membres du centre LGBT* Bordeaux-Aquitaine (autrement appelé le « Girofard ») le centre Le Refuge le plus proche se trouve à Toulouse. « Lorsque nous rencontrons de jeunes gens confrontés à ce genre de situation, nous pouvons parfois les placer au Refuge de Montpellier, où se trouve le siège de l’association », explique Cyril, membre du Girofard de Bordeaux.
 
En fonction des places disponibles dans les autres centres, les jeunes peuvent aussi être amenés à se déplacer à Toulouse voire à Paris. Mais les demandes des originaires de ces régions sont déjà nombreuses, et le nombre d’appartements-relais n’augmente pas.
 
Pour Nicolas Noguier, président et fondateur du Refuge, l’absence d’antenne à Bordeaux est essentiellement due à un manque de bénévole sur place. « Il y a 4 ans environ, un projet d’antenne s’est monté dans la ville, mais aucun hébergement n’était proposé, c’était davantage un groupe de réflexion et d’accueil », explique-t-il. « Cette antenne a été dissolue un peu plus d’un an après sa création ».
 
Jean-Luc est à l’origine de cet ancien Refuge bordelais. Lui, se souvient que le problème résidait ailleurs : « Nous étions motivés et n’émettions pas d’objection à consacrer du temps à l’association, mais nous manquions terriblement de financement. On devait se contenter d’accueillir les jeunes et de les orienter ailleurs. Au bout d’un an et demi, nous avons décidé qu’il valait mieux s’arrêter là ».
 
Quels étaient en général les parcours des jeunes du Refuge bordelais ? « Il n’y avait pas que des jeunes français exclus du cadre familial », déclare Jean-Luc. « Nous avons aussi rencontré plusieurs étrangers ayant fui leur pays, pas toujours sans-papiers. Certains venaient de familles riches et connues, souvent originaires de pays maghrébins. Venus faire leurs études en France, ils en profitaient pour échapper à leurs proches et, comme il n’avait plus aucun revenu après avoir disparu de la circulation, ils se tournaient vers nous ».
 
D’après Nicolas Noguier, une structure d’hébergement serait de nouveau en projet à Bordeaux. « Plusieurs personnes sont venues vers nous en début d’année pour nous proposer de remonter une antenne ».
 
Espérons que cette fois sera la bonne.
 
Cyrielle Bedu