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 d’ADHEOS

   Un militant transgenre ougandais salue les actions internationales contre le projet de loi homophobe en Ouganda, et témoigne de l’état d’esprit pour les LGBT dans son pays: «Les gens ne sont plus les mêmes…», confie-t-il.
 
 
Victor Mukasa a longtemps milité au sein des associations LGBT ougandaises Sexual minorities Uganda (Smug) et de Freedom and Roam Uganda. Aujourd’hui installé en Afrique du Sud – où il travaille depuis 2007 avec la Commission internationale des droits humaines des gays et lesbiennes (IGLHRC), cet activiste trans female to male de 35 ans se bat une nouvelle fois pour protéger les LGBT de son pays. Son objectif: obtenir la suppression du projet de loi du député David Bahati, qui promet un avenir plus sombre encore aux homos – déjà passibles de la prison à vie. Victor Mukasa n’est pas seul dans son combat: aux quatre coins du monde, des manifestations éclosent pour que le texte soit enterré. Le 4 janvier, c’était au tour des militants LGBT de Paris de battre le pavé (lire article).

 
 
TÊTU: Que pensez-vous de la manifestation parisienne de soutien aux LGBT ougandais, lundi?
Victor Mukasa: Cette manifestation est arrivée arrive à point nommé. Elle s’ajoute à celles organisées en 2009 en Afrique du Sud, aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et au Canada. C’est revigorant de voir que, même après les congés de Noël, l’esprit de la libération nous habite toujours. Le projet de loi ougandais doit être supprimé. Et pour cela, la pression internationale reste essentielle.
 
Le gouvernement a indiqué que la peine de mort serait gommée du projet de loi…
Même si le gouvernement envisage de supprimer la peine de mort et l’emprisonnement à vie, le projet de loi punira toujours nos proches, nos amis, les enseignants, les médecins et les prêtres qui ne dénonceront pas aux autorités sécuritaires notre orientation sexuelle. L’Ouganda se retrouvera en porte à faux avec les conventions internationales. Les organisations des droits de l’Homme seront fermées et leurs responsables punis pour avoir protégé les droits élémentaires des homosexuels. Je ne pourrai pas retourner dans mon pays parce que je défends les droits humains des LGBT à l’étranger… Le projet de loi est horrible et il devrait être complètement supprimé.
 
Vous rentrez tout juste d’Ouganda. Dans quel état d’esprit sont les LGBT que vous avez rencontrés?
L’atmosphère est très tendue à cause du projet de loi. Même pendant les congés de Noël, nous faisions la fête la peur au ventre. Les gens ne sont plus les mêmes. La peur règne en maître. Si le projet de loi passe, la grande majorité des LGBT retourneront dans le placard.