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 d’ADHEOS

Florence Mazabraud est plutôt discrète sur l’affaire qui la tourmente depuis maintenant des mois. Mais son avocate, Véronica Frexeide, du barreau de Toulouse, est, elle, beaucoup plus directe : «Ma cliente est victime d’un licenciement injuste, à l’âge de 58 ans, après 10 ans passés dans l’établissement où elle a toujours défendu les intérêts des résidents. Elle est harcelée moralement sous des faux motifs (soutien à l’ancien président ou opposition à la disparition de la cuisine pour les résidents). En clair, c’est de son orientation sexuelle dont il s’agit et on veut faire un exemple avec elle».
 
58 adultes handicapés, 55 salariés
 
Que se passe-t-il donc au Bosquet, l’établissement pour personnes handicapées dont Florence Mazabraud est directrice ? L’intéressée explique : «Lors de la création de l’association Résilience Occitanie (RESO), qui a remplacé l’APAJH dans la gestion d’une vingtaine d’établissements en Haute-Garonne, dont le Bosquet à Salies-du-Salat, tout a changé dans les relations avec la présidence et la direction. Le Bosquet accueille 58 adultes qui souffrent de troubles psychiques et gère une ferme équestre. Il emploie 55 salariés et son budget provient à 95 % des aides du conseil général. J’en suis directrice depuis 2005. Un problème s’est posé au sujet de la cuisine. Nous disposons de notre propre équipement et la direction a voulu que les repas soient désormais assurés par l’EPHAD toute proche dont la cuisine est gérée par une société privée. Je trouve plus cohérent de garder notre propre outil. Mais depuis, je suis personnellement attaquée par ma hiérarchie sur des accusations diverses».
 
Accusée de maltraitance envers les résidents, de favorisation d’entreprises qui fournissent des prestations et, surtout, visée dans sa vie privée, Florence Mazabraud juge les accusations dont elle victime d’«inadmissibles» et évoque des attaques personnelles et des propos homophobes.
 
Le 21 octobre, elle a été convoquée par la direction générale de l’association gestionnaire à Toulouse pour licenciement pour faute grave avec mise à pied. «Je ne veux pas quitter mon travail que j’aime», dit-elle, et décide d’attaquer son employeur aux prud’hommes pour harcèlement.
 
«incompréhension, injustice, inquiétudes»
 
Aussitôt un collectif se met en place pour la défendre avec à sa tête Bernard Dupré, qui s’exprime au nom du comité de gestion, dont il est membre, et des parents des résidents. Ses propos sont sans appel : «C’est un événement grave. Tous les témoignages reflètent l’incompréhension face à une injustice et des inquiétudes pour l’avenir. Ce licenciement est sans motif réel et sans plainte. Les parents sont très contents du fonctionnement du centre. Les évaluations externes montrent que tout marche bien, qu’il est exemplaire et que les projets avancent». Prêt à se battre «pied à pied» avec le conseil général et l’agence régionale de la santé sur la future cuisine, le projet de wifi ou la ferme équestre, Bernard Dupré parle aujourd’hui de «dysfonctionnement associatif», de «conflits qui existent avec d’autres directeurs» et maintient sa position sur un foyer qui va bien et «une directrice qui fait son travail».
 
Le conseiller général; Jean-Louis Idiart s’est aussi inquiété : «Très attaché à l’exemplarité, à la qualité du service du Bosquet auprès des handicapés , je ne comprends pas la procédure engagée à l’encontre de sa directrice. Attention de ne pas commettre l’irréparable. J’en appelle à la sagesse de la présidente et du directeur général. Une médiation rapide s’impose» confiait-il hier, avant une manifestation de soutien à Florence Mazabraud. Hier soir, le maire Jean-Pierre Duprat et le député Joël Aviragnet ont reçu les représentants des familles de résidents, des salariés et des cadres de l’établissement pour affirmer leur soutien à Florence Mazabraud et prévoir les actions pour éviter ce licenciement, qualifié d’«injuste». La liste des griefs qui lui ont été reprochés lors de son entretien avec la direction de RESO a circulé. Tous les participants ont indiqué, qu’à leur sens, «il n’y a rien là-dedans qui représente une faute ou un manquement grave». Et de poser la question : «Est-ce par homophobie que cette procédure est lancée ?».
 
«Des manquements graves»
 
Hier, nous avons pu joindre Maryse Glandières, présidente de RESO à Toulouse. Voici ce qu’elle nous a déclaré sur cette affaire : «La directrice du Bosquet, Mme Mazabraud a eu des manquements graves dans l’exercice de ses fonctions. Il a été pris la décision d’une mise à pied, procédure conservatoire avant licenciement. Son entretien préalable tel que défini par les textes de loi avant un licenciement a eu lieu mardi. Pour l’heure, aucune décision n’est prise». Nous avons demandé à la directrice quels sont ces manquements graves dont Florence Mazabraud se serait rendue coupable, Maryse Glandières nous a répondu ne «pas pouvoir le dire» et ne pas communiquer à ce sujet. Côté direction, il semble donc aujourd’hui que les procédures soient lancées.