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 d’ADHEOS

L’intellectuel de gauche avait déchaîné les passions dans l’Italie de 1968, qui l’avait condamné pour avoir «séduit» deux jeunes hommes au terme d’un étrange procès en sorcellerie.
 
C’est une personnalité singulière, qui s’est éteinte le 6 avril. Le poète engagé à l’extrême gauche, scénariste et philosophe autodidacte Aldo Braibanti est mort à l’âge de 91 ans. Résistant communiste pendant la Seconde Guerre mondiale devenu un intellectuel en vue, Braibanti était surtout resté dans les mémoires à cause d’un étrange procès qui a démarré en 1964.
 
Spectre de l’homosexualité
Homosexuel qui ne le cachait pas à une époque où cette orientation était tabou, Braibanti était accusé d’avoir assujetti sexuellement deux jeunes hommes majeurs de 23 et 24 ans qu’il employait comme «secrétaires». En 1968, il avait fini par être condamné à 9 ans de prison en vertu d’une loi héritée du fascisme sur le plagio, une sorte de séduction mentale aux contours flous. Ce procès était en fait «la réaction instinctive et violente d’une Italie bien-pensante contre toute non-conformité, et en particulier contre le spectre de l’homosexualité», résume «Il Fatto Quotidiano».
 
Le cas avait passionné les Italiens et mobilisé les intellectuels de l’époque, dont Alberto Moravia et Pier Paolo Pasolini. Ils avaient dénoncé une chasse aux sorcières et mis en évidence les manipulations politiques du pouvoir judiciaire. Le crime de plagio a finalement été abrogé en 1981. Unique condamné pour plagio de l’après-guerre, Braibanti ne sera jamais réhabilité.