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 d’ADHEOS

Les faits ont été révélés en septembre dernier, un homme a porté plainte pour agression à caractère homophobe. Trois individus avaient été interpellés après les faits mais l’enquête a permis d’en arrêter cinq de plus.
 
C’est une affaire pas tout à fait comme les autres, et c’est pour cela que le procureur de la République de Tarbes, Pierre Aurignac, a voulu la mettre en lumière. «D’abord pour souligner l’excellent travail des policiers tarbais qui ont mené l’enquête, discrètement mais efficacement. Mais aussi parce qu’en ces temps où l’on parle des violences faites aux femmes, des violences conjugales, et plus largement des discriminations comme peut l’être l’homophobie, il est temps de libérer la parole.»
Essentiel, au-delà de l’aspect moral, puisque c’est une première plainte, le 19 septembre dernier, qui enclenche tout : «Un homme est venu au commissariat dire qu’il avait été victime d’une agression à caractère homophobe et d’extorsion de fonds», détaille le commandant François Frémaux, «nous avons alors interpellé dans la foulée les trois auteurs.» Mais l’enquête s’est poursuivie, notamment par l’analyse des téléphones, et a permis d’interpeller un total de huit individus impliqués à des degrés divers, et de démontrer qu’il ne s’agissait pas d’un acte isolé, puisque 19 faits (essentiellement à Tarbes, mais aussi à Laloubère, Barbazan, Rabastens, Aureilhan) ont pu être mis à jour. Avec le même mode opératoire : le «leader» de la bande contacte sa future victime via un site de rencontres, lui donne un rendez-vous pour un véritable guet-apens : la victime est rouée de coups puis la bande lui extorque carte bleue et code pour retirer de l’argent. Des agressions qui avaient donc un double mobile, mais comment avérer le caractère homophobe ? «Il ressort des auditions que certains des auteurs ont une homophobie assumée et qu’ils agissaient à ce titre, mais tous expliquent qu’ils s’en prenaient à des homosexuels, car ils pensaient qu’ils étaient moins enclins à déposer plainte et à étaler leur vie privée», explique Pierre Aurignac. Pourtant, la bande a aussi sévi par trois fois au préjudice de victimes hétéros, «ils utilisaient alors des filles de leur entourage pour servir d’appât, mais dans ces cas-là, il n’y avait pas de violences, juste des pressions et des menaces. Les coups étaient vraiment dirigés contre les homosexuels…»
 
Les huit auteurs présumés, âgés de 18 à 22 ans, pour la plupart connus de la justice (pour des faits de vol et/ou d’extorsion) sont mis en examen pour vol aggravé par des violences. Certains ont été placés en détention, d’autres sous contrôle judiciaire strict. «Ce genre d’agression n’est pas tolérable, tout le monde doit être conscient que la justice ne laissera pas faire. Mais pour cela, je le répète, comme dans tous les types de discriminations, il faut libérer la parole. Songez que sur les 19 faits qui ont été mis à jour, seules 9 victimes se sont fait connaître. Et celles que nous avons auditionnées étaient encore très choquées, le traumatisme dans la communauté homosexuelle a été très important.»