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 d’ADHEOS

Dans son rapport annuel paru le 22 Février 2017, Amnesty International note que rien n’a été fait en Tanzanie pour remédier aux discriminations fondées sur l’identité de genre et l’orientation sexuelle. L’ONG des droits de l’Homme dénonce la répression qui frappe les homosexuels dans ce pays où un ministre menace de publier des noms de gays qui «font commerce de leurs corps».
 
Selon le rapport d’Amnesty International, une vingtaine de gays ont été interpellés par la police tanzanienne en août 2016 à Dar es Salaam et maintenus en détention pendant plus de 48 heures avant d’être libérés sans inculpation. Les autorités ont entamé une répression à l’encontre des homosexuels, menaçant de suspendre les organisations qui les soutiennent, dénonce l’ONG des droits de l’Homme.
 
«Ce n’est pas une plaisanterie»
L’homosexualité est punissable en Tanzanie de très lourdes peines de prison, mais c’est seulement récemment que les autorités ont adopté une rhétorique anti-gay.
 
«Le gouvernement mène des enquêtes contre les syndicats de l’homosexualité», affirme le vice-ministre tanzanien de la Santé, Hamisi Kigwangalla. Il menace de publier une liste de gays qui vendent leurs corps sur internet.
 
«Ceux qui pensent que cette campagne est une plaisanterie se trompent. Le gouvernement a le bras long et va arrêter tous ceux qui sont impliqués», affirme le ministre tanzanien.
 
Les autorités tanzaniennes ont déjà procédé à la fermeture de dizaines de centres de santé privés spécialisés dans la lutte contre le sida, accusés d’apporter des soins à la communauté gay. Une mesure totalement assumée par le gouvernement de Dar es Salaam.
 
«Nous avons suspendu la fourniture de services anti sida dans un peu moins de 40 centres gérés dans tout le pays par des ONG, après avoir établi que ces centres assuraient la promotion de l’homosexualité, ce qui est contraire aux lois de la Tanzanie», explique la ministre tanzanienne de la Santé.
 
Une homophobie orchestrée par les Etats
La Tanzanie rejoint ainsi plusieurs autres pays africains où l’on observe une montée de l’homophobie orchestrée par les Etats.
 
 
«Des agressions et des viols de plus en plus visibles, des arrestations et des emprisonnements à tour de bras, souvent sur la base de dénonciations calomnieuses, des condamnations à mort, des crimes aussi», dénonçait le rapport qui pointait pour la première fois une homophobie d’Etat.
 
L’homosexualité est illégale dans 38 pays d’Afrique. En Mauritanie, au Soudan et en Somalie, l’on risque tout simplement la peine de mort. 
 
«Avant, la législation pénalisait seulement l’acte homosexuel, mais on élargit désormais de plus en plus le champ des infractions en interdisant par exemple la promotion de l’homosexualité. Et même si la loi n’est pas toujours appliquée, elle est une épée de Damoclès pour les personnes discriminées», explique au Figaro Dorothée Delaunay, responsable de la commission Orientation sexuelle et identité de genre pour Amnesty International.

«Des viols correctifs pour guérir des lesbiennes»
Aujourd’hui, l’Afrique du Sud est le seul pays du continent à autoriser le mariage homosexuel et l’adoption par des couples de même sexe. En Juin 2015, une étude sud-africaine menée par des scientifiques avait même conclu que l’homosexualité n’avait rient d’anormal. «Des preuves scientifiques montrent que le comportement sexuel humain est naturellement varié et ne doit pas constituer un motif de discrimination», proclamait l’Académie des sciences d’Afrique du Sud qui a publié le rapport. Mais sur le terrain, les crimes de haine n’ont jamais cessé et les homosexuels restent victimes de violences. 
 
Là-bas, «les viols correctifs» font des ravages. Il s’agit d’une pratique qui consiste à violer des lesbiennes pour les «guérir de leur homosexualité».
 
Malgré une pétition appelant à des actions urgentes pour combattre publiquement ce crime, les viols atteignent toujours un niveau critique en Afrique du Sud.
 
En octobre 2016, deux femmes en couple ont été violées pour leur rappeler qu’elles sont des femmes. Depuis 2010, le projet de loi visant à punir les auteurs de ces crimes est sur le bureau du Ministre de la justice.