NEWS
Les actualités
 d’ADHEOS

Mis en ligne au début du mois de mars, Hexagone Gay retrace un siècle d’histoire LGBT française région par région, depuis le 19ème siècle grâce à des témoignages, des archives, des biographies. TÊTU a rencontré Marc, initiateur du projet
 
Dans la vie, Marc (photo) est cadre dans une régie publicitaire. Hexagone Gay est la réalisation d’un des projets qui lui tient le plus à coeur: mettre à disposition des internautes les témoignages, les archives, les récits biographiques et historiques qu’il a collectés et qui racontent un siècle d’histoire homosexuelle. Il y consacre aujourd’hui tout son temps libre.

 
 
TÊTU: Pourquoi ce site?
Marc: Je me suis toujours dit qu’on avait une mémoire à faire partager et qu’elle ne se transmettrait pas de père en fils, donc j’ai pensé à un moyen de la raconter. C’est un projet de longue date puisque j’ai commencé il y a une trentaine d’années. J’ai mené une vie de noctambule, beaucoup voyagé, et commencé très tôt un petit répertoire des établissements où je suis allé. Et depuis 2005 j’ai commencé, avec d’autres personnes, à rassembler tout ce que j’avais, et rédiger le site. Notre objectif c’est de mettre noir sur blanc ce qui se transmet de bouche à oreille.
 
Il faut que les jeunes gays gardent à l’esprit que leur liberté a été gagnée lentement et durement et que tout peut basculer très vite.
 
 A part vos notes quelles sources avez-vous utilisées?
Nous avons beaucoup de témoignages de personnes âgées, certains ne sont d’ailleurs plus en vie. Nous avons également consulté les archives des villes où nous sommes allés, ainsi que celles d’associations LGBT, puis lu des ouvrages et des thèses sur le sujet. Bien sûr, dans certaines régions nous avons eu plus de mal à trouver des documents. D’ailleurs quand je parle d’archives, à part à Lyon où la bibliothèque a constitué un fond très intéressant sur l’histoire LGBT, c’est surtout dans les rubriques criminelles que l’on retrouvait des traces d’anciens établissements.
 
On vous a laissé un accès libre à tous ces documents?
Oui l’accès a été facile, sauf pour les archives lesbiennes. Déjà elles sont moins nombreuses mais en plus il vaut mieux être une femme pour les consulter. Du coup, j’ai laissé cette tache à une jeune femme qui fait partie de l’association.
 
Qu’est ce qu’il y a de marquant dans ce que vous avez vu?
En fait, on se rend compte que tout est fragile. Dans les années 20 et 30 l’homosexualité était assez bien tolérée, et tout a basculé après la seconde guerre mondiale. Puis dans les années 70, début 80 il y a eu une nouvelle ouverture, la jeunesse du baby-boom avait besoin de sortir et beaucoup d’établissements sont nés à cette époque. Mais avec le sida il y a eu un retour de bâton considérable, dès la fin des années 80. Depuis on assiste à une lente mais certaine renaissance. Et même si aujourd’hui on imagine mal un retour en arrière violent, il est important de faire passer un message aux jeunes gays. Pour qu’ils gardent à l’esprit que leur liberté a été gagnée lentement et durement et que tout peut basculer très vite.
 
Est-ce-que vous avez eu des surprises?

 
Disons que certaines régions qu’on ne soupçonne pas, ont été, à certaines périodes, très marquées par la vie LGBT. Par exemple, en Alsace dans les années 30, il y avait une vie gay très organisée. Ce n’était pas des associations comme maintenant, mais une vraie vie sociale avec des rencontres tous les week-end, des sorties… Toulon a aussi été un très gros «spot» gay, des homos venaient du monde entier pour s’encanailler à Toulon, c’était surtout lié à la prostitution qu’offrait cette ville portuaire. En fait, à part certains endroits incontournables sur la côte d’Azur et Paris, les centres de gravité homosexuels ont évolué avec le temps.
 
Il y a déjà 300 pages sur le site, quels sont vos prochains objectifs?
Ce n’est pas fini, loin de là! Le site a vocation à être vivant, nous recevons toutes les semaines de nouveaux témoignages et nous espérons en recueillir encore. Et puis, pour le moment nous avons traité l’histoire LGBT, du 19e siècle aux années 80. Nous avons donc encore les années 90 à raconter, et nous commençons à récupérer les documents actuels pour dans 20 ans!
 
Tous ces documents sont à retrouver sur www.hexagonegay.com