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 d’ADHEOS

 Président d’Homosexualités et socialisme, il observe la société et réagit à l’actualité sur son TêtuBlog «Pas de roses sans épines». Alors qu’il sort un essai sur l’homoparentalité, il répond aux questions de TÊTU.
 
Président d’Homosexualités et socialisme (HES), Gilles Bon-Maury tient depuis l’ouverture des TêtuBlogs «Pas de roses sans épines», d’où il développe le point de vue d’un socialiste, qui réfléchit, milite et agit –il est aussi directeur de cabinet adjoint de la maire de Reims, Adeline Hazan (lire notre article). Il vient de sortir un livre pour défendre le principe des «mères porteuses», la gestation pour autrui (GPA), et son application pour les couples d’homosexuels.
 
Alors que le débat sur la bioéthique ne fait que commencer (lire notre article), pensez-vous que le législateur français soit prêt à entendre vos arguments sur l’homoparentalité, la GPA, la procréation médicalement assistée ?
Les Français sont prêts. Ils le disent à chaque sondage réalisé sur ces sujets. La loi est aujourd’hui non seulement en retard sur l’opinion publique, mais aussi en retard sur la société française: 30.000 enfants sont élevés dans un contexte homoparental, les lesbiennes bénéficient de l’insémination par donneur anonyme en Belgique et en Espagne, les gays bénéficient de la gestation pour autrui (GPA) aux États-Unis… Beaucoup de parlementaires ignorent encore ces réalités et se braquent sur le modèle indépassable de la famille «happy end»: «Ils se marièrent, vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants.» Le rapport anti-homoparentalité rendu en janvier par le député Jean Leonetti (UMP) en est une belle illustration.
 
Votre livre se présente comme une «réponse à Sylviane Agacinski». Pourquoi ?
C’est parce qu’il y a effectivement des enfants français qui sont nés aux États-Unis d’une GPA que le juge a été amené à modifier son interprétation de la loi. Et c’est cette décision de justice qui a conduit les parlementaires à se pencher sur cette question. Dès lors, la discussion s’est détachée des expériences vécues pour se concentrer sur les valeurs universelles qui doivent inspirer la loi. On a opposé des principes aussi fondamentaux et incertains que la liberté individuelle et la dignité de la personne humaine.
 
Dans ce débat, Sylviane Agacinski a écrit, dans son livre Corps en miettes, que la GPA réduisait les gestatrices et les enfants à des marchandises. Or, les gestatrices s’inscrivent dans l’histoire d’une famille. C’est une histoire plus complexe, mais bien réelle, qui s’écrit à plusieurs. Les parents s’engagent dans une responsabilité parentale irrévocable. La gestatrice permet à l’enfant de naître, et jouera un rôle, moins central, dans la vie de l’enfant. Là où la GPA est correctement encadrée, les gestatrices ne sont pas instrumentalisées. C’est ce que j’ai voulu montrer dans Familles en miettes.
 
Plutôt qu’une réponse à Mme Agacinski, n’avez-vous pas plutôt écrit un message déguisé, en tant que président de Homosexualités et socialisme (HES), adressé au PS ?
Familles en miettes s’appuie sur une contribution rédigée par HES dans le cadre des états généraux de la bioéthique. Nous travaillons pour convaincre le PS sur ce sujet. Il a déjà pris position en faveur de la reconnaissance de l’homoparentalité: pour l’adoption, en juin 2004, et pour l’insémination par donneur, en janvier 2008. Il lui reste à trouver un consensus sur la dépénalisation et l’encadrement de la GPA. Nous sommes optimistes. Les députés socialistes n’ont pas voté pour le rapport anti-homoparentalité de Jean Leonetti, et 44 sénateurs du groupe socialiste ont signé une proposition de loi tendant à autoriser et encadrer la GPA.
 
Dans votre blog, vous écriviez récemment aux jeunes socialistes en leur rappelant que «la France est en retard» sur les questions LGBT. Pensez-vous que cette jeune génération saura faire bouger les choses ?
Les jeunes sont les plus favorables à l’ouverture du mariage aux couples de même sexe, à la reconnaissance de l’homoparentalité et à la dépénalisation de la GPA. Il y a une dimension générationnelle évidente dans l’opinion des Français à l’égard des droits des personnes LGBT. Nous ne devons pas renoncer à la mobilisation des générations les plus avancées. Sans doute doit-on diversifier les formes d’engagement militant. Je sais que les jeunes socialistes innovent beaucoup pour cela.
 
N’oublions pas que la députée socialiste espagnole Carmen Montón Giménez n’avait que 29 ans lorsqu’elle a fait voter la loi ouvrant le mariage à tous les couples et reconnaissant l’homoparentalité…
 
Depuis leur début, vous êtes l’un des blogueurs Têtu les plus productifs, que vous procure le fait de bloguer ?
Militer, c’est toujours, d’une façon ou d’une autre, prendre la parole. C’est ne pas se satisfaire du monde tel qu’il est, et vouloir le changer. Pour bouger les lignes, il faut convaincre. Pour convaincre, il faut informer, dénoncer et démontrer. C’est-à-dire d’abord prendre la parole. Ce blog est une tribune. Je suis heureux de réaliser, au fil des conversations, que ce n’est pas parce qu’il est hébergé par Têtu qu’il n’est pas consulté par un public varié, LGBT ou non, militant ou non.
 
Retrouvez Gilles Bon-Maury sur son blog : Pas de rose sans épines
 
Et son livre: Famille en miettes, collection Café République, éditions Bruno Leprince.