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 d’ADHEOS

Avec "Quand on a 17 ans", récit d’apprentissage adolescent présenté en compétition dimanche à la Berlinale, le cinéaste français André Téchiné dit avoir voulu "s’embarquer dans la folie d’une histoire". Je n’aime pas quand elles sont trop sages!", lance-t-il.
C’est la troisième fois que le réalisateur de 72 ans est en lice pour l’Ours d’or à Berlin, qui sera remis le 20 février. Il l’avait été pour "Les Temps qui changent" en 2005 et "Les Témoins" en 2007.
 
"Quand on a 17 ans", son 21e long métrage de fiction, raconte l’histoire de Damien, joué par Kacey Mottet Klein ("Gainsbourg, vie héroïque") et Tom (Corentin Fila), deux lycéens que tout oppose (photo).
 
Tom vit dans les montagnes, tandis que Damien habite en ville avec sa mère médecin (Sandrine Kiberlain) et son père pilote dans l’armée (Alexis Loret), souvent absent. Les deux adolescents solitaires, qui ne s’aiment pas, se défient et se battent sans arrêt. Mais Tom, dont la mère est malade, va devoir venir habiter chez Damien, et leur relation va évoluer.
 
Co-écrit avec la réalisatrice Céline Sciamma ("Tomboy") – dont il dit apprécier "le regard neuf sur l’adolescence et la représentation des minorités" -, ce film est né "de l’idée de deux garçons immatures, qui manifestent en permanence leur agressivité", a expliqué André Téchiné dans un entretien avec l’AFP à Berlin.
 
"Mon intention était de faire un film physique et de raconter un corps-à-corps entre ces adolescents, avec au milieu un personnage de mère", ajoute le cinéaste. "Je voulais aussi essayer de l’envisager comme un film d’action, d’aventures, où va se construire un apprentissage de la vie".
 
Après "Les Roseaux sauvages" en 1994, André Téchiné aborde à nouveau l’adolescence, "un thème qui l’intéresse", dit-il. "Tous mes films sont des films d’émancipation", lâche-t-il.
 
Un film simple et droit
 
Découpé en trois parties, correspondant aux trois trimestres de l’année scolaire, "Quand on a 17 ans" suit pas à pas la violence qui se développe entre les deux lycéens. Le titre fait référence au premier vers du poème "Roman" de Rimbaud, "figure emblématique de l’adolescence" pour le cinéaste.
 
Le film montre ensuite l’évolution de cette agressivité vers l’attirance, le désir ou l’amour, au fur et à mesure que les personnages identifient et expriment ce qu’ils ressentent, par des gestes puis par des mots.
 
"Je voulais que le film soit le plus simple et le plus droit possible. C’était ça mon obsession, faire un film simple et droit où l’on suit vraiment un parcours sans brûler les étapes, sans faire d’ellipses", résume le réalisateur d’"Hôtel des Amériques" et de "Rendez-vous".
 
La montagne, qu’il a conçue comme "un personnage à part entière" offre un cadre grandiose à cette explosion de sentiments. "Le rapport de proportion, de taille entre ces adolescents et ces immenses montagnes, c’était quelque chose de très visuel, sensible", explique le cinéaste.
 
Quant au thème de l’homosexualité, régulièrement présent dans ses films, des "Roseaux sauvages" aux "Témoins", André Téchiné se contente de dire qu’il est "aussi important que l’hétérosexualité" pour lui.
 
"L’hétérosexualité prend quand même dans les fictions beaucoup de place, donc peut-être qu’on peut aussi laisser un peu de place pour montrer autre chose qui n’a pas l’habitude d’être regardé", ajoute-t-il.
 
Avec ce film sensible, qui évolue dans le registre de l’intime, André Téchiné quitte momentanément l’adaptation de faits divers qu’il avait suivie dans "La Fille du RER" (2009) et dans son dernier opus, "L’Homme qu’on aimait trop" (2014), sur la disparition en 1977 d’Agnès Le Roux.
 
Pour la suite, il dit travailler sur "un projet qui se passe pendant la guerre de 14-18", avec Adèle Exarchopoulos et Pierre Deladonchamps ("L’Inconnu du lac").
 
"C’est une histoire vraie, celle d’un soldat qui déserte et qui, pour se cacher, aidé par sa compagne, se travestit en femme", raconte-t-il. Le tournage est prévu à l’été prochain.