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 d’ADHEOS

 Eddie Long prêchait l’homophobie aux 25.000 fidèles de sa méga-église. Aujourd’hui, il est accusé d’abus sexuels sur quatre jeunes garçons. Que le scandale commence…
 
 Il s’était bâti un empire. Pasteur évangélique de Lithonia, dans la banlieue d’Atlanta, Eddie Long aurait transformé une congrégation moribonde de 300 fidèles en une méga-église clinquante de 25.000 membres, selon son site internet. En outre, le pasteur afro-américain a lancé des programmes spirituels pour les Noirs de la ville, règne sur une fortune importante et des centaines d’hectares de terrains, comprenant une chapelle, un centre spirituel et un auditorium de 10.000 places aux allures de stade. Un magazine l’a même classé parmi les 120 personnalités les plus influentes des Etats-Unis.
 
 C’est sans doute tout cela qui rend la possibilité d’une chute prochaine d’autant plus dramatique. En effet, quatre jeunes garçons l’accusent d’avoir profité de son statut pour se livrer, à plusieurs reprises, à des abus sexuels. Certains de ces jeunes, tous âgés d’une vingtaine d’années aujourd’hui, étaient mineurs à l’époque des faits.
Les accusations sont d’autant plus explosives qu’Eddie Long prêche contre l’homosexualité depuis son arrivée à la tête de son église, The New Birth (la Nouvelle Naissance), en 1987. Dans un livre paru en 1997 au sous-titre évocateur, Ce que les femmes doivent savoir, ce que les hommes doivent comprendre, il menait une charge contre le lesbianisme. En 2004, il était l’un des opposants les plus virulents à la légalisation du mariage homosexuel en Géorgie. Le hall d’entrée de son église, qui organise des thérapies «ex-gay», serait garni de livres de leaders chrétiens noirs homophobes, rapporte le Southern Poverty Law Center, une organisation dont l’objectif est de combattre les discours haineux aux Etats-Unis. « Il est le leader religieux noir le plus violemment anti-gay» juge le centre dans un bulletin publié en 2007.
 
Homosexualité dans l’Eglise noire, la fin d’un tabou?
Ce n’est pas la première fois qu’un pasteur est pris dans le tourbillon d’un scandale sexuel impliquant un ou plusieurs individus du même sexe. En mai, le pasteur George Reckers, un anti-gay notoire, s’était fait pincer dans un aéroport de Floride en compagnie d’un escort (lire article). En revanche, «l’affaire Long», parce qu’elle touche un pasteur noir, pourrait secouer la communauté religieuse afro-américaine, selon le très sérieux Pew Forum on Religion, car les Afro-Américains constituent la communauté aux Etats-Unis qui interprète la Bible le plus littéralement.
 
«Un pasteur assassin a plus de chance de se faire pardonner et de redevenir un leader spirituel qu’un pasteur évangélique «outé» par des relations homosexuelles, affirme Shayne Lee, sociologue spécialiste de l’Eglise noire américaine. Dans le cas particulier des leaders chrétiens noirs, sortir du placard est synonyme de rentrer dans un donjon dont on ne peut s’échapper.
 
«Je ne dis pas que je suis parfait, mais je ne suis pas l’homme que la télévision décrit» a lancé Eddie Long il y a deux semaines lors d’un sermon devant des milliers de fidèles, selon le New York Times. Pour l’instant, souligne le quotidien, ces derniers font bloc derrière leur pasteur.