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 d’ADHEOS

 
On ne sera pas surpris d’apprendre que de nombreux homos font partie des Egyptiens en révolte contre leur gouvernement. Leurs témoignages donnent une vision saisissante du mouvement

 
 
Ils sont plusieurs blogueurs ou usagers de Twitter, actifs sur la toile bien avant les événements, parfois même comme opposants au régime d’Hosni Moubarak. Ils sont homos, pas toujours ouvertement dans leur vie quotidienne, mais aucun d’eux ne met en avant son orientation sexuelle ou son identité de genre dans les revendications qu’il porte, en ce début d’année, au cœur de la révolte contre le pouvoir égyptien.

 
 
Ainsi Bahaa Saber (photo ci-contre). Ouvertement gay, il a été arrêté, torturé et violé par la police l’an dernier (les forces de sécurité égyptiennes font fréquemment l’objet d’accusations d’abus sexuels envers des suspects). «Au bout d’un moment, on arrête de prêter attention aux charges retenues contre vous», lâchait-il avec courage au Los Angeles Times.
 
Le site anglophone LGBT Asylum News, qui cite de nombreux autres activistes homosexuels, mentionne encore un blogueur connu sous le nom de Sandmonkey, arrêté, torturé par les forces de l’ordre égyptiennes puis relâché au bout de quelques heures.
 
Le récit d’«IceQueer»
Le site GayMiddleEast a interrogé longuement «IceQueer», un blogueur gay du Caire, interne en médecine de 22 ans qui raconte de l’intérieur les révoltes de ces tout derniers jours. Il raconte sa chance de n’avoir pas subi de violence, et se félicite au contraire de voir «combien les manifestations sont pacifiques et joyeuses». «Je constate avec joie à quel point l’Egypte est à la fois diverse et unifiée! Je tenais un panneau sur lequel était écrit “laïcité” et mes amis (hétéros, gays, filles, chrétiens et musulmans) tenaient des pancartes aussi et nous criions que la manifestation venait du peuple et n’était pas manipulée par un parti ou une religion. Tout était vraiment beau et ressemblait à un carnaval européen», a-t-il raconté, même s’il précise que ses amis ont été légèrement blessés. Grâce à une connexion internet, il alimente son compte Twitter régulièrement et s’enthousiasme de constater l’impact énorme des nouvelles technologies sur cette contestation.
 
Y a-t-il des revendications homosexuelles dans le mouvement? «On ne peut pas tout demander à la fois, précise-t-il. Déjà, demander la “liberté” et “la chute du régime” a secoué tout le pays, alors imaginez ce qu’il se passerait si l’on demandait des droits pour les LGBT? La communauté LGBT égyptienne n’aura pas de droits avant que l’Egypte ne devienne un pays laïque.»
 
Un lieu de drague connu
Le site interroge aussi le blogueur sur la réputation de la place Tahrir, épicentre du mouvement, comme un lieu de rencontres gays avant le début du mouvement. «Oui, c’est drôle, quand je donne rendez-vous à mes amis sur la place Tahrir pour manifester, je leur dis “Si je vous avait proposé il y a une semaine un rendez-vous sur la place Tahrir puis une balade jusqu’au pont Kasr El-Nil, vous m’auriez vu comme un chaud lapin!»
 
En 2005, un rapport de Human Rights Watch pointait des cas d’arrestations et de tortures de la part du gouvernement égyptien envers des hommes accusés d’homosexualité. On se souvient également de l’affaire du «Queen Boat» en 2001, durant laquelle 52 hommes avaient arrêtés à bord de ce bateau utilisé comme boîte de nuit gay amarrée sur le Nil. Aucune loi en Egypte ne condamne spécifiquement les actes homosexuels, mais les LGBT peuvent y être inculpés de «comportements immoraux ou indécents», «propagation d’idées perverses» ou «dépravation morale».