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 d’ADHEOS

Dans sa campagne présidentielle, Marine Le Pen évite soigneusement d’aborder la question des droits LGBT. Pourtant, le programme du FN en parle : il prévoit noir sur blanc un recul considérable pour les homosexuels et les lesbiennes.
 
Vous n’avez pas entendu Marine Le Pen s’exprimer sur le mariage pour tous durant la campagne ? C’est tout à fait normal. Voulu, même. Toute à son désir de capter l’électorat le plus large possible, la candidate du Front national s’interdit consciencieusement de parler des problématiques liées aux droits des lesbiennes, gays, bi et transsexuels (LGBT). Pourtant, même si elle n’en parle jamais, Marine Le Pen prépare une véritable régression pour les personnes LGBT.
 
Le point 87 de son programme prévoit ainsi de « créer une union civile (PACS amélioré) qui viendra remplacer les dispositions de la loi Taubira ». Rien de moins que l’abrogation du mariage et de l’adoption pour tous. Comment revenir sur un droit ouvert, et que faire avec les couples homosexuels déjà mariés ? On ne le sait pas, même si Marine Le Pen promet que la fin de la loi Taubira n’aura « pas d’effet rétroactif ».
 
Une extension des droits des personnes LGBT n’est évidemment pas à prévoir. Le même point 87 promet de « maintenir l’interdiction de la gestation pour autrui (GPA) » et de « réserver la procréation médicalement assistée (PMA) comme réponse médicale aux problèmes de stérilité ». En face, Emmanuel Macron ne remet lui pas en cause le mariage pour tous et se dit favorable à l’ouverture de la PMA aux couples de femmes. Enfin, le programme de Marine Le Pen ne parle qu’une seule fois de discriminations, mais sans mentionner l’homophobie ou la transphobie : le point 89 entend simplement « lutter contre toutes les discriminations liées aux handicaps et à la santé ».
LMPT fait la courte échelle au FN
 
Un tel recul en perspective rappelle que la ligne historique du FN, conservatrice et identitaire, est foncièrement hostile aux droits des personnes LGBT. La Manif pour tous ne s’y est pas trompée, en choisissant son camp pour le second tour : contre Emmanuel Macron. « Il prépare une politique anti-famille, juge la présidente du mouvement, Ludovine de la Rochère. Le 7 mai : Macron, c’est non ! » Un soutien net au FN, même s’il ne dit pas son nom.
 
Au sein du parti, Marion Maréchal-Le Pen est la nouvelle figure ce créneau traditionaliste. On l’a vue défiler avec Gilbert Collard dans les rangs de la Manif pour tous contre la loi Taubira. En mars 2016, la nièce de Marine Le Pen avait tenu des propos violents, jugeant que le mariage pour tous ouvrait la voie « à de nombreuses dérives », parmi lesquelles… « la polygamie ». La députée du Vaucluse a aussi attaqué « tous les délires et les fantasmes LGBT, du mariage homosexuel aux mères porteuses, en passant par la théorie du genre ». Il faut « défendre la famille traditionnelle et naturelle », plaide cette catholique revendiquée.
 
Jean-Marie Le Pen dérape encore
 
Marine Le Pen, elle, est toujours restée très discrète sur le sujet. Absente des défilés de LMPT en 2013, elle a même parfois tenu un discours tourné vers les personnes LGBT. En décembre 2010, candidate à la présidence du FN, elle ainsi avait déclaré à Lyon : « Dans certains quartiers, j’entends de plus en plus souvent qu’il il ne fait pas bon être femme, ni homosexuel, ni juif, ni même français ou blanc… ». Une manière de tendre la main à un électorat potentiel : 38% des hommes gays ayant voté aux élections régionales de 2015 ont soutenu le FN.
 
L’Inter-LGBT ne s’y est pas trompée : la fédération a appelé ce mercredi 26 avril à « se mobiliser massivement dès maintenant pour battre les idées du Front national ». Et si Marine Le Pen continue pour l’heure d’observer un silence poli sur le sujet, son père se charge régulièrement de rappeler la tradition du parti : dans son journal de bord vidéo cette semaine, Jean-Marie Le Pen s’est ainsi dit « très étonné par la dimension donnée » à la cérémonie d’hommage national à Xavier Jugelé, le policier tué lors de l’attentat sur les Champs-Elysées le 20 avril. « Il m’a semblé qu’on rendait plutôt hommage à l’homosexuel qu’au policier. La participation de son conjoint, le long discours qu’il a prononcé, institutionnalisaient le mariage homosexuel en l’exaltant de façon publique. Cela m’a un peu choqué. Je pense que cette particularité familiale doit être tenue à l’écart de ce genre de cérémonie ». On peut toujours compter sur « Le Vieux » pour clarifier les positions du FN…