NEWS
Les actualités
 d’ADHEOS

La Manif pour tous avait annoncé qu’elle comptait "peser" sur l’élection présidentielle de 2017. Elle a déjà réussi un premier coup en mobilisant tous ses réseaux pour favoriser le choix de François Fillon comme candidat de la droite.
 
L’ancien Premier ministre étant, parmi les quatre principaux candidats de la primaire, le seul à s’être engagé à revenir sur la loi Taubira ouvrant le mariage et l’adoption aux couples de même sexe, il était logique que le mouvement créé autour de la Manif pour tous lui apporte son soutien.
 
"Je demanderai au Parlement de réécrire le droit de la filiation afin de protéger les droits de l’enfant", a promis François Fillon lors de sa campagne.
 
Emanation de La Manif pour tous au sein du parti Les Républicains, Sens commun lui a apporté son soutien public en septembre dernier et a ensuite mobilisé ses réseaux pour favoriser son élection.
 
La composition sociologique du corps électoral de la primaire l’a clairement aidé à atteindre son but. Avec des votants certes nombreux mais pas forcément représentatifs de tout l’électorat de droite, essentiellement des retraités, des ruraux ou des provinciaux, des personnes aisées financièrement et très marqués par leur engagement religieux catholique, la sélection de François Fillon a pû intervenir.
 
Et ce, d’autant plus que les deux favoris désignés par les sondages, Alain Juppé et Nicolas Sarkozy, aveuglés par leur duel, ont totalement négligé de critiquer les options idéologiques et politiques de celui qu’ils considéraient comme un challenger inoffensif.
 
La Manif pour tous a donc pu organiser un véritable hold up sur la primaire et la droite aura donc finalement comme représentant un homme ultra-libéral sur le plan économique et réactionnaire sur le plan sociétal.
 
Ce positionnement pourrait au fond servir la gauche en créant un clair distinguo avec ses valeurs et ses propres options politiques et ouvrir la perspective d’un affontement électoral radical dont on pourrait imaginer qu’il n’est pas compromis pour elle, notamment quand on sait, par exemple, que 62% des Français se disent défavorables à une abrogation de la loi et que les femmes sont profondément attaché à l’IVG.
 
Mais hélas, chaque jour ou presque obscurcit une telle perspective. Le bal de ego à gauche, le morcellement des candidatures annoncées ne peuvent que faire craindre que ce camp ne soit tout bonnement pas présent au second tour de la présidentielle et laisse les électeurs face à Marine Le Pen et donc François Fillon.
 
Voilà pourquoi la sélection de ce dernier est particulièrement inquétante pour les personnes LGBT et les femmes notamment.
 
La Manif pour tous ne cessera pas de faire pression sur Fillon pendant la campagne présidentielle et ensuite pour qu’il applique les mesures anti-gays, anti-féministes, anti-laïcité qui constituent son socle idéologique.
 
Et il n’est qu’à regarder ce qui se produit déjà au niveau des villes et des régions conquises récemment par la droite pour concevoir ce qui se produira au niveau national si François Fillon est élu président: suppression des subventions aux associations LGBT, retour en arrière sur l’information sur la prévention ou la contraception, mise en cause des programmes scolaires sur l’égalité ou le genre, etc…
 
Voilà la menace, claire et concrète.
 
Si l’ensemble des organisations de gauche – y compris LGBT – voulaient bien mettre autant d’énergie à se mobiliser et se rassembler pour faire échec à ce danger qu’elles en ont mis depuis plusieurs années à critiquer sans nuance le gouvernement actuel et ses responsables, alors, peut-être existerait-il une chance de faire battre François Fillon et la ligne qu’il porte lors de la prochaine présidentielle. Mais rien n’est moins sûr.