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 d’ADHEOS

Des humoristes d’«Action discrète» se sont fait passer pour des militants de Georges Frêche, en alignant des poncifs homophobes dans un bar lesbien de Montpellier. Choquées, deux associations ont porté plainte. (Mise à jour 16h30: l’équipe d’«Action discrète» répond aux accusations)
 
Action discrète a encore frappé! On connaît les méthodes de l’émission humoristique de Canal+, qui s’immisce dans l’actualité en jouant l’activisme. Mercredi dernier, le 10 février, ils se sont «attaqués» à la ville de Montpellier, afin de rebondir sur les polémiques autour des propos de Georges Frêche. Se faisant passer pour des militants du président ex-socialiste du Conseil régional, ils ont répandu des propos racistes, homophobes et misogynes dans les rues de la ville, puis dans une synagogue, dans un centre pour handicapés et finalement dans des établissements gays et lesbiens.
 
Alertés par les victimes de ce canular plutôt limite, les deux principales associations LGBT de Montpellier, la Lesbian & gay pride (LGP) et le Collectif contre l’homophobie (CCH) ont d’abord vérifié qu’il ne s’agissait pas de vrais militants pour Georges Frêche. Ils ont ensuite porté plainte contre X pour injure homophobe… Avant de réaliser qu’il s’agissait d’un sketch, comme l’a confirmé sa diffusion, le samedi suivant (vidéo ci-dessous) sur la chaîne cryptée.
 
«Homophobie crasse et gratuite»
Qu’à cela ne tienne: les associations ont transformé leur plainte contre X en une plainte contre l’émission Action discrète et Canal+, et même saisi le Conseil supérieur de l’audiovisuel. «Les quelques minutes d’homophobie crasse et gratuite diffusées un samedi soir, en pleines vacances scolaires, à une heure de grande écoute et devant un public composé probablement de nombreux jeunes enfants, tombent sur le coup de la loi et viennent anéantir le travail de prévention et de sensibilisation contre l’homophobie que nous nous acharnons à réaliser», expliquent la LGP et le CCH.
 
S’insurgeant contre le comportement de l’équipe de tournage, qui n’a pas informé a posteriori les victimes du canular, les associations parlent de «faute professionnelle», de «mépris» et d’«inconséquence». «Il est absolument hallucinant qu’au sein de Canal Plus, et notamment de la Direction des programmes, personne n’ait relevé le caractère outrageant de ce reportage» disent les associations, qui invitent associations et victimes de cette manipulation à faire connaître leur désapprobation en saisissant la justice et le CSA.

 
 
MISE A JOUR 16h30: Réaction de «Action discrète» et de l’équipe de Georges Frêche
 
Interrogé par Rue89, Sébastien Thoen, l’un des animateurs d’Action discrète, répond: «Sur le principe de caméra cachée, on ne peut pas prévenir les gens avant, ce serait super absurde ! Ensuite, on aurait pu revenir sur nos pas et informer les gens qu’on tournait, c’est vrai, mais ils nous auraient probablement emmerdés pour qu’on ne diffuse pas les images. On a flouté les visages, comme d’habitude.»
 
Il ajoute, sur le fond: «Ce pourquoi on ne comprend pas que ces associations montent au créneau, c’est qu’on va dans leur sens ! On dénonce la même chose qu’eux. Et on a trouvé super la réaction des lesbiennes. On les a diffusées.»
 
Selon un communiqué de son avocat Gilles Gauer à Midi Libre, Georges Frêche va aujourd’hui «saisir le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) afin que les principes d’une campagne électorale digne soient fermement rappelés».