NEWS
Les actualités
 d’ADHEOS

La mise à feu d’une effigie faisant référence à un couple gay récemment autorisé par la justice à adopter, dans une petite ville croate, suscite une vague d’indignation.
 
La satire peut aller très loin à carnaval, et confiner parfois à l’incitation à la haine. C’est le cas à Imotski, bourgade de la région de Split, dans le sud du pays, non loin de la frontière avec la Bosnie. Ce dimanche, les habitants, petits et grands, ont paradé dans les rues derrière une effigie d’un personnage à deux têtes: deux hommes s’embrassant sur la bouche, et tenant dans les mains un poupon aux traits d’un politicien social-démocrate local. Conformément à la tradition, l’effigie de 3m de haut a fini brûlée sous les acclamations d’une foule de quelques centaines de personnes, raconte le site Total Croatia News.
 
L’allusion à l’actualité était transparente: il s’agissait de conjurer l’ouverture des adoptions aux couples de même sexe après la décision d’un tribunal de Zagreb, qui en décembre dernier avait autorisé deux hommes gay, Ivo Segota et Mladen Kozic, à fonder une famille. «J’ai la tête qui tourne à cause de cette culture de mort, mon corps me fait mal, mettons le feu à cette famille grotesque», a lancé le speaker du carnaval en ordonnant d’allumer l’effigie.
 
Plainte pénale
Les images des festivités ont suscité des réactions de dégoût au sein de la gauche croate. Arsen Bauk, député du Parti social-démocrate et ancien ministre, a même annoncé qu’il allait se rendre à Imotski ce matin même afin de porter plainte contre les organisateurs du carnaval. «Mladen et Ivo représentent davantage le patriotisme, le courage et le futur de la Croatie que ceux qui ont brûlé leur personnage», a commenté son collègue de parti Bojan Glavasevic. Selon lui, ce dont ces derniers «ont réellement peur, c’est du changement. Et le changement arrive».
 
L’opinion publique croate est largement contre l’ouverture des adoptions aux couples de même sexe, si l’on en croit un récent sondage: 64% des répondants se disaient opposés à une telle réforme. En 2013, près des deux tiers des électeurs du pays avaient accepté d’inscrire dans la Constitution une définition strictement hétérosexuelle du mariage.