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 d’ADHEOS

Mickaël Dombasi a été condamné, hier, à 17 ans de réclusion pour vol avec violences ayant entraîné la mort, en 2011, d’un quadragénaire boharsien. « Un crime froid, sur fond d’homophobie et d’ambivalence » pour l’accusation.
 
Le réquisitoire de l’avocat général Stéphane Cantéro a été implacable, tout autant, à ses yeux, que « la détermination, incroyable, exceptionnelle » de Mickaël Dombasi qui avait abouti à la mort d’Éric Saillour, moniteur auto-école âgé de 46 ans. « Au départ, c’est une histoire hélas banale », rappelle le magistrat. Celle d’un quadragénaire homosexuel invitant à son domicile, à Bohars, un homme qui lui a fait miroiter une étreinte. Éric Saillour sera retrouvé le 29 mars 2011, trois jours après sa mort, ligoté aux montants de son lit, bâillonné, le crâne enfoncé sous les coups d’extincteur dont s’était muni Mickaël Dombasi la veille de sa venue. « Ce qui n’est pas banal, c’est que l’on a affaire à un homme redoutablement déterminé, et guidé par son homophobie », poursuit Stéphane Cantero, qui rejoint là l’avocat de la partie civile, Me Michel Navion : « Dans l’esprit de l’accusé, aller voler un homosexuel, c’est moins grave que de voler un homme "normal". Un homosexuel, c’est un petit "sous-homme" ».
 
« Un enjeu humain qui dépasse mon client »
 
Durant une heure, l’avocat général va mettre en pièce la fragile « stratégie » de Mickaël Dombasi. Au cours des deux premiers jours de son procès, ce Nantais, âgé de 27 ans, n’a eu de cesse d’ânonner qu’il était « juste venu pour voler ». Un mot cru de sa victime, réclamant une fellation, l’aurait bouleversé au point qu’il se sente en danger et frappe Éric Saillour, pourtant ligoté, non sans lui voir recouvert la tête d’un oreiller. « Est-ce le fruit de la détermination d’un homme ? C’est plus complexe. On est dans un enjeu humain qui dépasse mon client. On est dans un passage à l’acte lié à son questionnement vis-à-vis de l’homosexualité », plaide Me Sylvain Croguennec en défense, qui rejette un acte homophobe primaire.
 
« Il joue avec son désir »
 
« Neutraliser Éric Saillour, c’est son obsession », martèle à l’inverse l’avocat général. Il rappelle que le quadragénaire avait déjà failli être frappé par l’accusé, armé d’une pince à bûches, alors qu’il dormait, six jours avant les faits (notre édition d’hier). Stéphane Cantero exhume encore une conversation entre Mickaël Dombasi et un autre jeune, à qui il demandait une batte de base-ball. « Ensuite, ce sont les somnifères qu’il recherche, et enfin l’extincteur ! ». Il pourfend aussi les dires de l’accusé, qui assure que c’est sa victime qui voulait être attachée. « C’est la trouvaille de Mickaël Dombasi. Ce n’est pas une pratique d’Éric Saillour ». Il relit les textos de l’accusé, qui promet explicitement un rapport sexuel : « Il joue avec son désir. Il ne peut dire qu’il a été dépassé ». Si Stéphane Cantero veut bien convenir d’un « doute raisonnable » sur le fait que l’accusé ait pu torturer sa victime pour lui extorquer son code confidentiel (une abrasion pouvant être assimilée à une brûlure était visible sur le bras gauche d’Éric Saillour), « ce dont on est sûr, en revanche, c’est de la violence inouïe des deux coups, dont l’un est d’emblée léthal ». Il ajoute : « Inouïe et totalement inutile ». Pourquoi ? « Elle est liée à l’homophobie. Une violence qui n’aurait dû être qu’utilitaire a été décuplée en raison de son homophobie et de son ambivalence ». Rappelant son « mépris total » pour Éric Saillour qui a agonisé tandis qu’il réunissait le matériel qu’il allait emporter, il requiert vingt ans de réclusion à l’encontre « d’un criminel particulièrement dangereux ». Les jurés ont réduit le quantum de la peine de trois années.