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 d’ADHEOS

République démocratique du Congo (RDC), près de 500 homosexuels ont profité de la 8ème Journée mondiale de lutte contre l’homophobie et la transphobie célébrée le 17 mai pour s’exprimer dans la ville de Maradi (Bas-Congo) sur leur état de « marginalisés ».
 
« Nous sommes marginalisés, voilà pourquoi je lance un appel à tous les gays de venir apprendre un métier dans notre structure. Je suis couturier, modéliste, mannequin. Cela leur permettra de se prendre en charge. A la communauté, inutile de nous trouver drôles, puisque le monde nous reconnaît aujourd’hui », s’est désolé Beni Lualua (23 ans), membre de l’association MSM (Man who have sex with) dans une enquête de Syfia/RDC à Matadi.
 
« « J’avais 16 ans quand j’ai fait l’amour avec un homme pour la première fois. Plus tard, je me suis entêté à me marier, mais j’ai échoué dans mon mariage et retrouvé mon ancienne vie. Certaines personnes ne pratiquent pas l’homosexualité puisqu’elles sont encore inconscientes. Cela finit par se manifester bien après », a témoigné un autre.
 
« Des êtres humains »
 
Encouragés à « briser la honte et à sortir de la clandestinité », ces homosexuels « commencent à parler de plus en plus publiquement de leur situation et de leur droit à la différence ».
 
« Mais, l’évolution des mœurs n’est pas pour demain et la loi ne les reconnaît pas. Aujourd’hui, ils ont moins honte de parler ouvertement de leurs préférences sexuelles. A Matadi, au sud-ouest de Kinshasa, des homosexuels commencent à s’afficher en public et à parler de leurs droits à la différence », selon Syfia/RDC.
 
« L’homosexualité n’est qu’une orientation sexuelle et non de la sorcellerie, encore moins une maladie ou une anomalie. Nous sommes des êtres humains normaux ! », a plaidé Bienvenu.
 
« L’Etat ne fera pas passer une telle loi (sur le mariage pour tous) si d’aventure elle venait à être proposée. Etant Congolais, ils ont les droits et je dois les protéger, mais pas en tant que gays », a estimé le chef de division provinciale des Droits humains, Job Mankoka.
 
Se fondant sur l’article 40 de la Constitution stipulant que « tout individu a le droit de se marier avec la personne de son choix, de sexe opposé, et de fonder une famille », il a soutenu que « les homosexuels sont dans l’illégalité ».
 
« La loi est muette en la matière. Elle n’a pas érigé en infraction le fait d’avoir un penchant vers une personne du même sexe », a réagi Me Chérine Luzaisu, avocate au Barreau de Matadi à la question de savoir si « l’homosexualité est une infraction ».
 
Le psychologue Charles Bromains a signalé à Syfia/RDC que « les homosexuels doivent être respectés comme tels », étant donné que « c’est leur désir profond ».
 
« Ils extériorisent ce qui existe au plus profond d’eux, que cela entre dans le cadre de la déviation sexuelle ou pas », a-t-il expliqué.
 
Sensibilisés à lutter contre le Sida
 
Les homosexuels ont été sensibilisés à Matadi contre le Sida en début d’année dans une campagne menée par M. Hugor Mavembo, chargé de suivi et évaluation à l’Ong Jadis Sida.
 
« Nous sommes en train d’expérimenter, avec l’appui du Programme Vih/Sida intégré au Congo (Provic) financé par l’USAID, une nouvelle approche appelée communauté championne. Nous le faisons avec les MSM, c’est-à-dire Man who sex with man en français HSH (les hommes qui ont le rapport sexuel avec les hommes), appelés gays. Notre étude secrète démontre que cette catégorie est oubliée dans la lutte contre le VIH/SIDA. C’est ce qui justifie le financement que nous avons reçu de Provic », a-t-il expliqué dans un entretien à Infobascongo.
 
Après avoir pris contact avec le président des homosexuels de Matadi, lui et ses collaborateurs ont « pu réunir près de 500 MSM qui ont été sensibilisés » tandis que « 384 seulement ont accepté de se faire dépister ».
 
« A l’issue de cette activité, nous nous sommes rendus compte que le taux de prévalence est très élevé chez les gays. Alors que la prévalence de la province est estimée à plus ou moins 2%, Chez les MSM, elle va au delà de 5%. C’est ce qui nous a poussés à mener un plaidoyer auprès des bailleurs, partenaires », a encore indiqué Hugor Mavembo.
 
« Violations des droits de l’Homme »
 
En France, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères a rappelé dans une déclaration « combien il importe de lutter contre les violations des droits de l’Homme fondées sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre ».
 
« Trop nombreux encore sont les pays où les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexuées (LGBTI) sont victimes de crimes de haine, de violences et de discriminations, et dans lesquels l’homosexualité reste pénalement sanctionnée, parfois jusqu’à la peine capitale. Il appartient à tous, Etats et organisations internationales, de soutenir les actions pour le respect des droits fondamentaux des personnes LGBT et pour l’universalité des droits de l’Homme », a-t-il déclaré.
 
Il a souligné que « la France tient à saluer également les efforts déterminés des défenseurs des droits de l’Homme qui luttent au quotidien pour que les droits fondamentaux des personnes LGBT soient respectés ».