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 d’ADHEOS

Traqué par la police des mœurs, le jeune homme est tombé pour « débauche ».
 
En Égypte aussi les arrestations pour « homosexualité » continuent. Mardi dernier, une nouvelle sentence est tombée. Un réfugié syrien a été condamné à un an de prison ferme par un tribunal du Caire, pour avoir prétendument sollicité une relation homosexuelle sur Internet.
Le jeune homme « tchatait » en ligne sur un site gay, mais avec « un agent infiltré » de la police des mœurs, qui lui a tendu un piège. Aucune transgression ni d’échanges particulièrement osés, si ce n’est que la « victime », maintes fois sollicitée, a finalement accepté un rendez-vous et s’est déplacée.
 
Immédiatement interpellé et interrogé… le prévenu a ensuite été soumis à « toute une batterie de tests », ainsi qu’au « traditionnel examen anal », qui n’a pas non plus confirmé de pratiques « contre-nature ». Impossible de « prouver son homosexualité ». Il a cependant été reconnu coupable sur la base de l’historique de ses conversations pour « incitation à la débauche » et « sollicitation d’actes immoraux en public », entre autres, comme l’indiquait « the Egypt Independent », dans une dépêche mercredi dernier.
 
Une nouvelle affaire dans cette campagne plus largement orchestrée contre toutes les formes de « dissidence », dans un pays en proie à la montée du nationalisme et une insurrection militante.
 
Depuis que le président Abdel Fattah al-Sissi a pris ses fonctions en mai 2014, au moins 150 personnes soupçonnées d’être homosexuelles ont été arrêtées en Égypte.
 
Une répression sévèrement dénoncée par toutes les grandes instances et organismes de défenses des droits de l’homme, mais en vain.
 
L’avocat du défendeur a fait appel. Ahmed Hossam réfute les allégations selon lesquelles son client s’est engagé dans une relation sexuelle et remet en question cette décision de condamner une personne pour une très « incertaine » et fantasmagorique « activité en ligne ». « Il n’y a pas eu de "crime" en premier lieu. Il s’est surtout manifesté dans l’imaginaire de l’agent lui-même. Pas de débauche non plus. Et, depuis quand est-il inconstitutionnel de s’échanger des messages personnels ? Par contre, traquer des personnes innocentes n’est pas franchement autorisé dans le code de procédure pénale en Egypte », déclare l’avocat.
 
Aucune réaction des autorités. Mais les témoignages en faveur de la victime se succèdent. Un militant LGBT a également confié, toujours à l’Independent, que l’homme n’a eu de cesse de refuser les avances de l’agent, qui a cependant persisté dans ses tentatives jusqu’à finir par le convaincre à l’usure.
 
La loi égyptienne ne proscrit pas expressément l’homosexualité, mais les personnes soupçonnées de se livrer à des actes homosexuels peuvent être accusées de débauche et d’indécence. Notamment, en vertu des lois sur la moralité du pays. « Cela ne concerne en vérité ni le raisonnement juridique ni les faits dans cette affaire. Mais la société égyptienne considérant les homosexuels comme des pécheurs, certains préfèrent choisir de satisfaire à leurs désirs de châtier et punir" », ajoute Ahmed Hossam.
 
En Novembre 2014, huit hommes étaient reconnus coupables « d’incitation à la débauche », toujours pour diffusion d’images indécentes. Ils avaient organisé un simulacre de mariage « entre potes », partagé ensuite dans une vidéo sur YouTube. Un mois plus tard, ce sont 26 hommes qui faisaient la Une, pour avoir soi-disant participé à une « partie de jambe en l’air en groupe ». Il s’agissait en vérité d‘une rafle de police dans un établissement de bains du Caire, organisée avec la complicité de la journaliste Mona Iraqi, et retransmise en direct à la télévision. Leurs arrestations ont suscité une condamnation internationale, et tous les accusés ont été acquittés quelques semaines plus tard.
 
Pour l’anecdote, Mona Iraqi, à l’origine donc de cette grande controverse et qui considérait les homos comme « des nids à sida », a posté ce week-end sur son compte Facebook un « big up » pour célébrer la décision de la Cour Suprême américaine de légaliser le mariage pour tous et sur tout le territoire national, ce vendredi 26 juin.
 
S’il n’est jamais trop tard pour mieux faire, espérons que l’intention était sincère et que Mona Iraqi aura pris conscience, et à la mesure des sanctions et poursuites dont elle a fait l’objet ensuite, de toute la détresse occasionnée. N’oublions pas en effet que l’un des prévenus s’est ensuite immolé après sa sortie de prison.
 
Curieux qu’une journaliste, qui aspire à la liberté, puisse également la nier à ses propres concitoyens…