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 d’ADHEOS

 Deux ONG locales et deux ONG internationales, dont Human Rights Watch (HRW), ont dénoncé dans un rapport publié hier des agressions récurrentes contre des homosexuels réels ou supposés et appellent à dépénaliser les actes d’homosexualité au Cameroun.
 
 
«Depuis cinq ans, les attaques contre les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres sont constantes dans le discours politique, la presse, les homélies religieuses, la vie de quartier et la répression» au Cameroun, affirment quatre ONG dans un rapport intitulé Criminalisation des identités: atteintes aux droits humains au Cameroun fondées sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre.

 
 
De 6 mois à 5 ans d’emprisonnement
Le document a été rédigé par les ONG locales Alternatives-Cameroun et l’Association camerounaise pour la défense de l’homosexualité (Adhefo) en collaboration avec HRW et International Gay and Lesbian Human Rights
Commission (IGLHRC), après une enquête menée entre le 1er septembre et le 4 octobre dans quatre grandes villes: Yaoundé, Douala (capitale économique), Buéa et Ebolowa.
 
Les ONG révèlent notamment qu’en milieu carcéral, certaines personnes suspectées d’homosexualité sont surnommées «détenus 347 bis», du nom de l’article du Code pénal camerounais qui punit «d’un emprisonnement de six mois à cinq ans et d’une amende de 20.000 à 200.000 FCFA (30,5 à 305 euros) toute personne qui a des rapports sexuels avec une personne de son sexe».
 
Examens inhumains
«Le 21 mai 2005, la police a procédé à l’arrestation de 32 personnes dans une boîte de nuit de Yaoundé, dans la première d’une série d’arrestations et de poursuites retentissantes», indique le rapport, notant que, depuis, ces arrestations se poursuivent. Lors des interpellations, ajoute-t-il, «les policiers frappent au corps, à la tête et à la plante des pieds les individus qu’ils soupçonnent d’être homosexuels» et «ordonnent parfois des examens de la région anale inhumains, dégradants et intrusifs, dans le but de prouver la pratique habituelle de la sodomie, qui ne peut pourtant être ainsi prouvée scientifiquement».
 
Par ailleurs, les personnes homosexuelles «ou perçues comme telles» au Cameroun «sont plus vulnérables aux agressions violentes à l’intérieur comme à l’extérieur de leur domicile», affirment encore les ONG. Elles invitent les autorités à «dépénaliser les actes homosexuels, s’abstenir d’incarcérer des adultes ou des enfants pour de tels actes et condamner publiquement tous les actes de violence» et discours homophobes, notamment de personnalités publiques, «afin de garantir la pleine et entière protection des droits de tous les Camerounais».
 
Les ONG exhortent aussi le Cameroun à «mettre un terme aux arrestations pour suspicion d’"homosexualité"» et à accorder des moyens à la lutte contre le VIH-sida dans la communauté homosexuelle.