NEWS
Les actualités
 d’ADHEOS

Dans une semaine, Marc et Joseph vont consacrer, par le mariage, leurs 49 années de vie commune
 
Samedi à 14 heures à l’hôtel de ville de Biarritz, Marc et Joseph figureront parmi les premiers homosexuels du Pays basque à s’unir par les liens du nouveau mariage pour tous.
 
Détail peu banal, les deux hommes vivent en couple depuis près d’un demi-siècle ! Retraités depuis 20 ans à Biarritz, ils ont attendu 49 ans sans trop y croire avant de se dire oui au grand jour et devant monsieur le maire. « C’est la consécration d’une longue histoire d’amour. Nous serons enfin un couple uni comme les autres au regard de la loi, avec les mêmes droits. »
 
Toujours très tendres et attentionnés, les deux tourtereaux, qui vivent dans un deux-pièces coquet à Saint-Charles, se souviennent encore de la date et du lieu de leur rencontre. « C’était le 11 avril 1964 dans un théâtre à Paris », glisse Joseph avec malice. « Nous avions tous les deux 28 ans. Nous n’imaginions pas alors où tout ça allait nous mener. »
 
« Il faut se souvenir de ce que représentait l’homosexualité à l’époque dans la société française », enchaîne Marc. « C’était encore perçu comme quelque chose de honteux et caché (silence). Nous étions vraiment en bas de l’échelle. »
Les lumières de Paris
 
Né en Algérie dans le Constantinois, Marc, qui avait quitté l’Afrique du Nord avec déchirement après l’indépendance, était alors employé à la SNCF dans un bureau de la gare du Nord, après un service militaire de 28 mois dans une caserne d’Alger. Natif d’un petit village de soyeux près de Roanne, qu’il avait quitté sans regret, attiré par les lumières de Paris, Joseph travaillait de son côté comme maître d’hôtel au service de la famille d’Ornano. « Après mes 28 mois de service militaire en Algérie, c’était la belle vie. Je gagnais 1 000 francs par mois, logé, nourri, blanchi. Je sortais beaucoup. J’allais parfois à Deauville ou Châteauroux, où le comte Guillaume avait un pavillon de chasse. J’ai beaucoup appris. Mais quand Michel et Hubert d’Ornano se sont mariés, il y avait moins de travail, on m’a demandé poliment de trouver une autre maison. »
 
C’est à partir de cette époque que Joseph se met en ménage avec Marc et prend un emploi de bureau. « Je ne pensais pas que l’on pouvait vivre avec un garçon. J’étais persuadé que nous, les homos, étions condamnés à rester éternellement célibataires entre deux aventures. »
 
Marc sourit. « Moi c’est l’inverse. Dans mon fort intérieur, j’ai toujours été persuadé qu’un jour, je rencontrerai un garçon et que nous passerions le reste de notre vie ensemble. Peut-être que ça vient de mon éducation. Mon père et ma mère étaient très amoureux l’un de l’autre. »
 
Joseph, lui, n’a jamais su pourquoi ses parents se disputaient tout le temps. « Du coup, pendant très longtemps, je n’ai pas eu une très bonne image du couple. Par bonheur, les parents de Marc sont devenus mes seconds père et mère. Ils m’ont donné beaucoup d’amour. »
Une ville très tolérante
 
Marc n’a jamais révélé à ses parents son homosexualité. « J’ai appris des années après leur mort qu’ils avaient percé mon secret. Je regrette beaucoup de ne pas avoir pu leur en parler. La seule personne de la famille qui avait compris, c’était une vieille tante, religieuse, drôle et bienveillante. Nous rendant visite à Paris, elle nous avait posé des questions du style : qui de vous deux fait la cuisine, et les courses ? À ses yeux, on était un vrai petit couple. »
 
Marc et Joseph se sont occupés du jeune frère de Marc, qu’ils ont élevé comme un fils. Ils ont également adopté un jeune voisin prénommé Pierre, peu de temps après leur arrivée à Biarritz. « En tant que couple, on n’a jamais pensé avoir nos propres enfants. Mais on adore choyer ceux des autres. D’une manière générale, nous avions plus d’amis hétéros que dans le milieu gay. »
 
C’est à Biarritz qu’ils ont passé leurs premières vacances en amoureux, en 1964. « Nous avons découvert une ville très tolérante vis-à-vis des homos. Il y en avait d’ailleurs beaucoup et des deux sexes. Se marier aujourd’hui ici a une signification très forte pour nous. Samedi, on pensera aux garçons et aux filles différents qui souffrent encore dans certains coins de France. J’espère que cette nouvelle loi aidera les familles à changer leur regard. »