NEWS
Les actualités
 d’ADHEOS

Deux jeunes Marocaines risquent deux ans de prison pour avoir porté des «robes trop courtes». Un cas qui enflamme la toile entre conservateurs et progressistes.
 
Deux jeunes coiffeuses doivent comparaître ce lundi pour une première audience devant le tribunal d’Agadir, sous l’accusation d’outrage à la pudeur. Elles étaient en robe dans un marché à Inezgane, près d’Agadir, à la mi-juin, quand elles ont été dans un premier temps agressées par des hommes puis dans un second temps interpellées par la police.
 
Comme l’a rapporté le magazine Telquel, la police a annoncé vendredi avoir arrêté deux hommes suspectés d’être leurs agresseurs. Ils ont 17 et 18 ans et, selon la Sûreté nationale, ont «harcelé les deux femmes en raison de leurs tenues qu’ils considéraient comme indécentes, avant que cela ne dégénère en une agression verbale et physique, l’un d’eux ayant fait des gestes indécents». Ils risquent jusqu’à deux ans de prison.
 
Concernant les deux jeunes femmes, le code pénal prévoit des peines allant d’un mois à deux ans de prison ferme pour «outrage à la pudeur». Mais la défense assure que l’article de loi invoqué ne prévoit pas le port d’une simple robe comme motif d’inculpation. La principale association féministe marocaine assure même que les poursuites vont à l’encontre de la Constitution, adoptée en 2011, consacrant l’égalité de droit entre homme et femmes.
«Un esprit daechiste»
 
Cette affaire de la «robe trop courte» survient pendant le ramadan et suscite de vives réactions sur les réseaux sociaux. La mobilisation pour la défense des deux jeunes femmes de 23 et 29 ans a été extrêmement suivie : une pétition en ligne intitulée «Mettre une robe n’est pas un crime», a recueilli des milliers de signatures. L’hebdomadaire Telquel s’en fait un large écho en se plaçant à la pointe de ce combat.
 
Ces dernières semaines, le débat public a été vif sur les questions de mœurs après la sortie du film Much Loved, estimé totalement amoral sur la prostitution, un sujet tabou dans la société marocaine. Il y a aussi l’affaire Jennifer Lopez, jugée trop dénudée sur la scène où elle se produisait. A cela s’ajoute une campagne anti-bikini demandant aux touristes de «respecter» le ramadan. Le 29 juin dernier, un homme soupçonné à Fès d’être homosexuel a failli être lynché par la foule.
 
La loi marocaine a toujours été très raide avec les affaires de mœurs et punit fréquemment de prison ferme les relations sexuelles hors mariage, l’homosexualité ou l’avortement. Mais jusqu’à présent ces débats de société étaient rarement débattus en place publique. Il est rare cependant que des procès se déroulent pour des questions vestimentaires. Aujourd’hui il semble que la justice veuille entrer en écho avec une frange de l’opinion conservatrice. Ce que résume une militante marocaine des droits de la femme : «Un esprit daechiste rampe vers le Maroc.»