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 d’ADHEOS

Les crimes motivés par la haine, notamment racistes ou dirigés contre les homosexuels, se multiplient mais restent impunis en Bulgarie, a déploré lundi l’ONG de défense des droits de l’Homme Amnesty International.
"Des centaines de personnes appartenant à des minorités ont fait l’objet de crimes haineux" et très peu font estiment pouvoir compter sur les autorités pour les défendre, a déclaré Marco Perolini, un expert en discrimination, lors de la présentation du rapport annuel de l’organisation à Sofia.
 
Intitulé "Missing the point: Lack of adequate investigation of hate crimes inBulgaria", ce rapport rend compte des graves répercussions des crimes motivés par la haine sur les victimes et souligne le fait que l’inaction des autorités face aux préjugés à l’égard des demandeurs d’asile, des migrants, des musulmans et des lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres (LGBT), avive la violence et la discrimination.
 
La législation bulgare ne comprend aucune disposition relative aux crimes de haine ayant des motivations homophobes, qui sont actuellement traités par les autorités comme des actes de "houliganisme".
 
En janvier 2014, le gouvernement a proposé un nouveau Code pénal, qui intégrait l’orientation sexuelle comme motivation d’un crime de haine ; cependant, l’adoption de la loi a été suspendue à l’approche des élections parlementaires d’octobre 2014. Le nouveau gouvernement doit encore mettre en œuvre ce changement.
 
"En Bulgarie, les violences homophobes et transphobes sont balayées sous le tapis. Les autorités doivent réviser la loi sur les crimes de haine, afin d’inclure tous les motifs de discrimination, afin que les lesbiennes, les gays et les personnes bisexuelles, transgenres et intersexuées (LGBTI) puissent vivre sans avoir peur", a déclaré Marco Perolini.
 
Ainsi, Mihaïl Stoïanov, un étudiant de 25 ans, a été assassiné dans un parc de Sofia en 2008, parce que ses agresseurs pensaient qu’il était gay. Durant l’enquête, un homme a témoigné que les deux suspects appartenaient à un groupe qui prétendait "nettoyer" le parc des homosexuels. En raison de lacunes juridiques, en août 2013, le bureau du procureur de Sofia a inculpé les suspects de meurtre commis pour des motifs de houliganisme. Le procureur chargé de l’affaire a déclaré à Amnesty International : "La loi est restrictive et c’est pourquoi je n’ai pas pu prendre en compte la motivation homophobe dans l’acte d’accusation".
 
Pour Marco Perolini d’Amnesty International, "les autorités bulgares doivent prendre fermement position et veiller à faire appliquer les lois nationales et internationales, afin de garantir le respect des droits humains pour tous".
 
L’inefficacité et la corruption de l’appareil judiciaire de la Bulgarie, pays le plus pauvre de l’Union européenne, sont régulièrement pointés du doigt par Bruxelles.