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 d’ADHEOS

Frédéric et Pierre sont l’un des rares couples homosexuels à avoir adopté en Touraine. En plein débat sur le mariage pour tous.
 
Pour Théo (*), 6 ans, la première année scolaire en France s’est achevée sur de bons résultats. Comme dans de nombreuses familles, l’été s’est partagé entre un séjour chez les grands-parents et des vacances avec les parents. Comme dans de nombreuses familles… sauf que, pour Théo, c’était avec ses deux papas…
Adopté durant l’été 2012 en Afrique du Sud, l’enfant est choyé depuis par Pierre et Frédéric, un couple homosexuel vivant à Tours et dont le discours laisse percevoir des années de réflexion. L’écolier semble avoir trouvé ses marques, même si le climat de l’année passée n’était pas des plus sereins pour poser ses valises en pareille famille. Il a appris le français en quelques semaines.
 
« Pour les services sociaux français, j’ai adopté en célibataire, confie Frédéric. La loi n’étant pas encore passée, on est resté dans les non-dits. Mais on a trouvé un esprit ouvert au conseil général. »
L’agrément en poche, les deux hommes se sont présentés en couple aux autorités d’Afrique du Sud reconnaissant le mariage gay. L’enfant n’a-t-il pas regretté d’être privé d’une maman ? « Ayant été élevé puis abandonné par son père, il attendait surtout un papa. Il s’est réjoui d’en avoir deux. Pour le reste, l’adoption consiste à rechercher la famille qui conviendra le mieux aux besoins d’un enfant. Et non l’inverse.
« Les services sociaux sud-africains ont passé en revue, sur un pied d’égalité, différentes familles hétérosexuelles et la nôtre. Elles nous ont choisis. Le débat français s’est heurté à cette méconnaissance de l’adoption : le bien de l’enfant ne passe pas seulement par un couple classique. »
 
Plus vigilants
 
La mission maternelle ? « Un jour, Théo nous a dit qu’il voulait une maman. On lui a dit de faire une liste de ce qu’il en attendait. Il sait vite rendu compte qu’il avait su trouver ce rôle en chacun de nous.
« Comme tous les enfants, il ira chercher ailleurs ce qui lui manque. Les choses se feront différemment car la structure familiale est différente. Mais on a tous des séquelles familiales… » Les deux hommes se sont sentis agressés par les manifs anti-mariage pour tous : « En revenant d’Afrique du Sud, le débat débutait. On s’est réjoui qu’il enrichisse notre réflexion. Mais, très vite, les arguments ont été extravagants. »
Ces hommes dont le seul militantisme consiste à « s’autoriser à vivre leur vie » ont passé des nuits blanches : « Les gens commençaient à se permettre des regards ou des gestes. On est devenu beaucoup plus vigilant. »
Bien sûr, ils s’inquiètent pour le développement de leur enfant : « Pour l’instant, Théo met cette question des deux papas au même niveau d’importance que le menu du soir. Il nous interroge davantage sur sa différence de couleur… »
Le couple évoque un mariage l’an prochain et l’adoption d’un deuxième enfant : « Pour Théo, la procédure a duré cinq ans. Malgré la loi, cette seconde adoption ne sera pas plus facile ; les pays acceptant les couples gays ne sont pas nombreux. »
 
(*) Les prénoms ont été changés, la famille souhaitant rester discrète. 
  • Source NR